L'économie française a connu une récession historique en 2020, mise à terre par l'épidémie de Covid-19 et l'arrêt forcé de nombreuses activités durant l'année. Avec une contraction du PIB de 8,3%, la chute est cependant un peu moins forte qu'anticipé grâce à une résistance surprise au dernier trimestre.
Selon une première estimation publiée le 29 janvier par l'Insee, le produit intérieur brut (PIB) français a plongé de 8,3% en 2020, après une croissance de 1,5% en 2019. C'est un peu mieux que les -9% qu'anticipaient jusqu'alors l'institut et la Banque de France, et bien moins mauvais que les -11% prévus par le gouvernement, qui jugeait toutefois cette prévision prudente. «La France a connu un choc économique sans précédent, mais elle a montré aussi une vraie capacité de rebond en fin d'année», a réagi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a également salué sur Twitter la «capacité de résistance et de rebond de notre économie», ainsi que l'«efficacité des aides mises en place» par le gouvernement.
L'économie a en effet mieux résisté au deuxième confinement de novembre avec un PIB en recul de 1,3% au quatrième trimestre, quand le consensus des économistes se situait plutôt autour de -4%. «C'est une surprise, alors qu'on a eu au dernier trimestre six semaines de confinement et trois semaines de couvre-feu», a réagi Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes, dans un entretien avec l'AFP. Et cela tiendrait, selon elle, «d'une part à la résilience de l'investissement privé, mais surtout public qui a notamment soutenu la construction, et d'autre part au fait que les écoles sont restées ouvertes».
Malgré tout, la France a subi une récession jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale. Le pays ne fait cependant pas exception, l'épidémie ayant fait dérailler – à des degrés divers – bon nombre des économies développées.
Une crise de plus en plus concentrée sur certains secteurs de l'économie
Sur l'ensemble de l'année, la consommation des ménages a reculé de 7,1%, et la production de 8,6%. L'investissement a chuté de 9,8%, mais a progressé au dernier trimestre, quand les exportations ont plongé de 16,7% et les importations de 11,6%, la crise ayant fortement perturbé les échanges commerciaux.
Ces chiffres masquent toutefois une année «en accordéon», avec une économie rythmée par les restrictions sanitaires imposées par le gouvernement. Le premier confinement a ainsi fait chuter le PIB de 5,9% au premier trimestre, et encore de 13,7% au deuxième. Puis il a rebondi de 18,5% au troisième trimestre (un chiffre légèrement révisé à la baisse par l'Insee) à la faveur du déconfinement, avant la rechute du dernier trimestre.
Ces chiffres globaux cachent aussi le fait que la crise a été très diversement ressentie selon les secteurs d'activité. Certaines branches de l'industrie, ou encore la construction se sont plutôt bien reprises après le premier confinement. En revanche, l'industrie aéronautique et les activités reposant sur les interactions sociales, comme l'hébergement-restauration, les loisirs ou encore les services de transports, ont beaucoup souffert et souffrent encore de la persistance de l'épidémie. «Le choc devient de plus en plus concentré», note Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), cité par l'AFP, qui souligne qu'«au dernier trimestre, la moitié de la perte d'activité se concentre dans des secteurs qui représentent 11% du PIB».
Pour tenter de contenir les effets de la crise sur les faillites et l'emploi, le gouvernement a déployé un arsenal d'aides de plus de 300 milliards d'euros en 2020. Le gouvernement a assuré que cette mobilisation se poursuivra cette année car, malgré l'arrivée des vaccins, l'aggravation de l'épidémie avec de nouveaux variants devrait contraindre l'exécutif à durcir les restrictions. Celui-ci prévoit néanmoins 6% de croissance en 2021.«Il y a des motifs d'espoir», considère Mathieu Plane pour qui la fin 2020 montre qu'«il y a un apprentissage très fort de la gestion de la crise sanitaire d'un point de vue économique».