Lors d'une conférence de presse à Berlin, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a été interrogé sur une lettre envoyée la semaine précédente par trois sénateurs américains, menaçant de «destruction financière» le port de Sassnitz, sur l'île allemande de Rügen, en mer Baltique, si l'Allemagne ne cessait pas immédiatement de participer au projet de gazoduc Nord Stream 2, qui doit acheminer du gaz russe vers l'Europe.
Le navire russe Akademik Tcherski, qui pose actuellement les derniers tronçons sous-marins du gazoduc, se ravitaille fréquemment dans le port de Sassnitz.
J'en ai parlé hier lors d'une conversation téléphonique avec Mike Pompeo et lui ai fait part de ma stupeur et de mon mécontentement
«J'en ai parlé hier lors d'une conversation téléphonique avec Mike Pompeo et lui ai fait part de ma stupeur et de mon mécontentement», a déclaré Heiko Maas cité par l’AFP. Lors d'une conférence de presse commune avec son homologue sud-coréenne Kang Kyung-wha, le ministre allemand des Affaires étrangères a fait part de son intention d’évoquer ce sujet avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d'un voyage à Moscou prévu pour le 11 août.
L'Allemagne, principale bénéficiaire du projet, voit dans le gazoduc russe une source d'énergie stable. Mais les Etats-Unis et certains pays européens - l'Ukraine, la Pologne et les pays baltes – lui reprochent de permette au gaz russe de contourner l'Ukraine, ce qui priverait ce pays soutenu politiquement et militairement par Washington d’importantes recettes de transit.
Accentuation de la pression américaine
A la mi-juillet, Mike Pompeo avait ouvert la voie à des sanctions plus dures pour empêcher la mise en service de ce projet de gazoduc. Il avait déclaré s'attendre à ce que «ceux qui participe[nt] à ce projet soient soumis à un examen pour d'éventuelles sanctions».
Le président américain Donald Trump a promulgué fin décembre une loi imposant des sanctions contre les entreprises associées à la construction de Nord Stream 2, estimant que cet ouvrage allait accroître la dépendance des Européens envers le gaz russe et ainsi renforcer l'influence de Moscou.
Financé pour moitié par l'entreprise russe Gazprom, et par par cinq compagnies d'énergie européennes dont le français Engie, le projet de gazoduc Nord Stream 2 devrait doubler la capacité actuelle (55 milliards de mètres cubes de gaz/an) du pipeline Nord Stream entré en service en 2011 et qui relie l’Allemagne à la Russie en passant par le fond de la mer Baltique.