«Deal !», a annoncé en anglais le président belge du conseil européen Charles Michel sur Twitter dans la nuit du 20 au 21 juillet quant à l'adoption d'un accord sur le plan de relance économique par les 27 pays formant l'Union Européenne.
«Jour historique pour l'Europe !», s'est réjoui dans la foulée le président Emmanuel Macron sur le même canal.
«Nous avons un accord. Et un bon accord ! Avec un budget 2021-2027 de 1 074 milliards et un plan de relance de 750 milliards, jamais l'Union européenne n'avait décidé d'investir de manière aussi ambitieuse dans l'avenir», a assuré Sophie Wilmes, Premier ministre belge.
Au terme d'une bataille acharnée entre les pays dits «frugaux» (Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède) et le couple franco-allemand, un compromis a finalement été conclu lors d'un sommet extraordinaire commencé le 17 juillet.
Pour soutenir l'économie européenne qui affronte une récession historique, le plan prévoit un fonds de 750 milliards d'euros, qui pourront être empruntés par la Commission sur les marchés. Il se décompose en 390 milliards de subventions, qui seront allouées aux Etats les plus frappés par la pandémie. Ce sera la dette commune à rembourser par les 27. Outre ces subventions, 360 milliards d'euros seront disponibles pour des prêts, remboursables par le pays demandeur. Le plan est adossé au budget à long terme de l'UE (2021-2027), qui prévoit une dotation de 1 074 milliards d'euros, soit 154 milliards d'euros par an.
Le projet franco-allemand altéré
Pour convaincre les pays réticents à l'accord, le président du Conseil européen, Charles Michel, a dû revoir sa proposition initiale et leur fournir des gages. Notamment en révisant à la baisse les 500 milliards de subventions prévues au départ et défendues par Berlin et Paris.
Mais aussi en augmentant de façon substantielle les rabais accordés à ces pays, qui jugent leurs contributions nettes au budget de l'UE disproportionnées. La correction accordée à l'Allemagne reste stable. Par rapport à la proposition initiale de Charles Michel, ces hausses des rabais vont de 22% pour les Pays-Bas à 138% pour l'Autriche.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le plus difficile à convaincre, avait reconnu que des progrès avaient été faits en sa direction.
«Pour la première fois dans l'histoire européenne, le budget est lié aux objectifs climatiques, pour la première fois, le respect de l'Etat de droit devient une condition pour l'octroi des fonds», a annoncé Charles Michel.
Cette conditionnalité rencontrait une forte opposition de la Pologne et la Hongrie, deux pays dans le collimateur de la Commission et du Parlement européen qui ont enclenché une procédure à leur encontre pour des violations de l'Etat de droit. Viktor Orban, qui avait fait planer des menaces de veto au sommet, a réclamé la fin de cette procédure dite de «l'article 7» à l'encontre de son pays, qui peut en théorie déboucher sur des sanctions. La presse hongroise pro-Orban a salué une «grande victoire» à la suite de l'adoption de l'accord.
Les sources de tension n'ont pas manqué au cours de ce sommet marathon. Emmanuel Macron avait notamment haussé le ton pour dénoncer la mauvaise volonté et les «incohérences» des pays opposés au plan.