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«Qu'ils s'occupent de leurs affaires» : la Hongrie dénonce les remontrances de pays nordiques

L'Islande, la Suède, le Danemark, le Norvège et la Finlande ont exprimé leur inquiétude quant à une loi hongroise, qui permet au Premier ministre de gouverner jusqu'à nouvel ordre par décret. Budapest les a invités à s'«occupe[r] de leurs affaires».

Budapest a convoqué ce 11 mai les ambassadeurs de cinq pays nordiques, accusés de diffuser de fausses informations sur la Hongrie après qu'ils se sont dit inquiets pour la démocratie dans ce pays, où les pouvoirs du gouvernement de Viktor Orban ont été renforcés pour affronter l'épidémie de coronavirus.

Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto s'en est pris aux gouvernements d'Islande, de Suède, du Danemark, de Norvège et de Finlande, qualifiés dans un communiqué de «dominante libérale internationale répandant de fausses informations».

Ciblant la loi hongroise qui étend les pouvoirs du Premier ministre face à la pandémie, la secrétaire générale du Conseil de l'Europe Marija Pejcinovic avait souligné qu'un état d'urgence «d'une durée indéfinie et sans contrôle ne permet pas de garantir que les principes fondamentaux de la Démocratie seront respectés et que la restriction des droits humains fondamentaux sera strictement proportionnée à la menace qu'elle est supposée contrer». Dans un courrier daté du 6 mai, les ministres des Affaires étrangères des cinq pays nordiques ont dit «partager ces inquiétudes», «l'Etat de droit devant prévaloir même en situation d'urgence».

Les ministres danois, finnois, islandais, norvégiens et suédois savent-ils mieux que les Hongrois ce que veulent les Hongrois ?

«Les ministres danois, finnois, islandais, norvégiens et suédois savent-ils mieux que les Hongrois ce que veulent les Hongrois ?», a rétorqué le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto. «Qu'ils s'occupent de leurs affaires», a ajouté le ministre. 

Une loi sur l'état d'urgence source de polémique en Europe

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a obtenu, à une très large majorité le 30 mar,s l'aval du Parlement – dominé par son parti, le Fidesz et ses alliés – pour légiférer par ordonnances dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Le président Janos Ader (Fidesz), a signé cette loi sur l'état d'urgence dans le pays pour une durée indéterminée, déclarant qu'elle était conforme aux traités internationaux et à la Constitution hongroise.

Les nouvelles dispositions permettent au dirigeant hongrois de prolonger indéfiniment l'état d'urgence, en vigueur depuis le 11 mars, sans demander l'aval du Parlement. Aucune élection ne peut par ailleurs se tenir dans ce contexte. Le gouvernement peut également «suspendre l'utilisation de certaines lois par décret [...] et introduire d'autres mesures extraordinaires» par ordonnances gouvernementales, dans le but de garantir «santé, sécurité personnelle et matérielle des citoyens, ainsi que l'économie». La loi instaure en outre jusqu'à cinq ans de prison pour la diffusion de «fausses nouvelles» concernant le virus ou les mesures du gouvernement.

Ces mesures ont provoqué l'inquiétude de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mais aussi de 16 Etats européens, qui avaient mis en garde, le 2 avril, contre les violations de l’Etat de droit dans l'UE au motif de lutte contre la pandémie de Covid-19.

Budapest a rejeté avec vigueur les critiques sur l'état d'urgence instauré, s'estimant injustement mis en cause. Viktor Orban a ainsi envoyé la semaine dernière une lettre au Parti populaire européen (PPE), la formation de droite européenne dont son parti est membre, pour exiger des excuses. Le gouvernement affirme que le parlement hongrois peut à tout moment suspendre les mesures exceptionnelles et que l'état d'urgence sera levé dès la fin de la pandémie.

Le Parlement européen doit discuter de l'Etat de droit en Hongrie le mercredi 13 mai.