Le gouvernement allemand a adopté ce lundi 23 mars un ensemble de mesures pour un montant de plusieurs centaines de milliards d'euros. Inédites depuis la Deuxième Guerre mondiale, ces mesures ont pour but d'atténuer les effets de l'épidémie de Covid-19 sur l'économie du pays.
Ce plan prévoit des aides aux salariés et aux entreprises, des garanties sur les lignes de crédit de ces dernières à hauteur de 400 milliards d’euros, ainsi qu'un fonds de stabilisation doté de 100 milliards d’euros.
Les ministres allemands des Finances et de l’Economie, Olaf Sholz et Peter Altmaier, ont expliqué qu’il servirait à prendre, si nécessaire, des participations dans des entreprises allemandes mises en difficulté par les retombées économiques de l’épidémie de Covid-19.
Ils ont précisé que ces prises de participation qui reviennent à des nationalisations partielles, ne seraient pas annoncées à l’avance.
Face au risque de tentatives de prise de contrôle d’entreprises dont la capitalisation boursière a fondu au cours des derniers jours, le ministre de l’économie a assuré que le gouvernement était déterminé à protéger les entreprises et les emplois du pays. Il a précisé que ce message s’adressait aux hedge funds, c’est-à-dire aux fonds d’investissements spéculatifs.
Le gouvernement anticipe une récession de 5% en 2020
L’ensemble du projet de sauvegarde de l’économie, qui doit encore être adopté par le Parlement dans la semaine, sera majoritairement financé par les réserves financières accumulées par le trésor public allemand. Il sera toutefois complété par des émissions d’obligations (dette publique) à hauteur de 156 milliards d'euros, ce qui correspond environ à un déficit budgétaire équivalent à 5% du PIB allemand. Ce pourcentage correspond aux anticipations de récession annoncées lors de la conférence de presse.
L’Etat allemand qui a fait de la rigueur budgétaire la plus stricte sa doctrine économique va donc s’endetter auprès des marchés financiers au-delà du seuil maximum fixé en 2009 et baptisé «frein à l’endettement».
On ne peut toutefois pas parler d’une remise en cause de ce principe budgétaire, car la constitution prévoit également la possibilité d'ignorer ce frein à l’endettement lors des situations d’urgence, telles les catastrophes naturelles, susceptibles d’avoir un impact significatif sur les finances du pays.