La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé ce vendredi 20 mars la suspension des règles de discipline budgétaire de l'UE, une mesure inédite qui permettra aux Etats membres de dépenser autant que nécessaire pour lutter contre les conséquences économiques du coronavirus.
«Aujourd'hui, et c'est nouveau et n'a jamais été fait auparavant, nous déclenchons la clause dérogatoire générale», a-t-elle déclaré dans une vidéo publiée sur Twitter.
«Cela signifie que les gouvernements nationaux peuvent injecter dans l'économie autant qu'ils en auront besoin», a-t-elle ajouté. Les 27 ministres des Finances de l'UE doivent encore valider cette suspension lors d'une vidéoconférence la semaine prochaine.
Cette clause permet de déroger temporairement au Pacte de stabilité et de croissance, le texte qui fixe les règles budgétaires aux Etats ayant adopté la monnaie unique. Créée en 2011, en pleine crise de la zone euro, cette clause n'avait jusqu'alors jamais été activée.
En Europe, la situation s’est en effet rapidement dégradée. Il y a un mois à peine, l’exécutif bruxellois prévoyait encore que «l’économie européenne devrait se maintenir sur une trajectoire régulière de croissance modérée». Il notait aussi que «la zone euro connai[ssait] sa plus longue période de croissance soutenue depuis la création de l'euro en 1999».
Sur le site de la commission Paolo Gentiloni, commissaire chargé de l'économie, avançait : «Les perspectives pour les deux prochaines années sont : une croissance européenne stable, mais assez faible. La plus longue période d'expansion depuis la création de l'euro en 1999 devrait donc se poursuivre, ce qui est une bonne nouvelle pour l'emploi.»
Juqu'à 20% de chute du PIB français en 2020 ?
Désormais, toute prévision semble même totalement impossible ou franchement aléatoire. Ainsi, l'institut allemand IFW pour l'économie mondiale, qui prévoyait en fin de semaine dernière une légère contraction du produit intérieur brut (PIB) allemand de l'ordre de 0,1%, a brutalement revu sa prévision. L'IFW envisage désormais un recul compris entre 4,5% et 9% !
En France, alors que Bercy prévoyait encore récemment un recul de 1% pour 2020, l'Insee a préféré ajourner sine die sa prochaine note de conjoncture qui devait être publiée le 24 mars prochain.
Dans une interview accordée à L'Obs, Christian Gollier, directeur de l’Ecole d’économie de Toulouse, creuse beaucoup plus profondément que le ministère de l'Economie et des Finances. Selon lui, en France «on peut s’attendre à ce que le PIB chute de 10% à 20%».