Economie

Vers une réouverture partielle de l'usine Lubrizol ? La Direction de l'environnement dit oui

La Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) de Normandie a donné son aval pour une réouverture de l'usine Lubrizol à Rouen, fermée depuis l'incendie de septembre. En attendant l'avis du Coderst.

L'usine de produits chimiques Lubrizol à Rouen pourrait bientôt réouvrir, du moins partiellement. La Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) de Normandie y est favorable, a annoncé le préfet de Normandie, le 4 décembre. Le site de Lubrizol est fermé depuis septembre à la suite d'un incendie.

«J'ai obtenu hier [le 3 décembre] l'arrêté final favorable de la Dreal. Cet arrêté a été envoyé aux membres du Coderst (Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques) qui se réunira le 10 décembre prochain et émettra un avis», a déclaré le préfet Pierre-André Durand, lors d'une conférence de presse à Rouen.

L'avis du Coderst déterminant

En théorie, l'avis du Coderst est uniquement consultatif, mais «parce que ce qui s'est passé a ému, a impressionné», le préfet a annoncé qu'il suivra cet avis. En clair, si cet avis «est négatif, les choses en resteront là. S'il est positif, je pourrai prendre l'arrêté d'ouverture partielle», a ajouté le préfet. «Il s'agit d'une réouverture sur deux petites unités de mélange qui ne nécessitent pas le maintien de produits chimiques», a précisé Pierre-André Durand, dans une zone qui n'a pas été touchée par l'incendie de ce site Seveso seuil haut le 26 septembre.

Le Coderst est une «émanation de la société civile» qui compte 24 membres dont 6 des services de l'Etat, selon la préfecture.

La réouverture partielle proposée passe par une «profonde modification dans la gestion de l'approvisionnement et des sorties pour drastiquement diminuer les stocks», et pour que «les produits ne soient pas concentrés au même endroit», a précisé le directeur de l'environnement Olivier Morzelle, en poste depuis trois jours, selon le préfet.

Lubrizol aura répondu avant l'éventuelle réouverture partielle, aux mises en demeure dont il a fait l'objet depuis l'incendie, a assuré le chef adjoint du service risque de la Dreal Olivier Lagneaux, interrogé par l'AFP lors de la conférence.

Dans une des unités il s'agira de mélanger des produits visqueux ; dans l'autre, il s'agira d'additifs, de dissoudre des produits solides dans des huiles, a aussi indiqué le réprésentant de la Dreal.

Une association défavorable

Cette éventuelle réouverture partielle est vivement critiquée par l'association Robin des bois. Cela «risque de faire de tout le personnel de Lubrizol Rouen une victime collective à l’horizon de 3 à 4 ans», a-t-elle estimé le 4 décembre dans un communiqué.

Concernant les fûts endommagés, et pour certains potentiellement dangereux, en cours d'évacuation du site, «Lubrizol nous a fait la démonstration que le redémarrage demandé n'impacte en rien leur rythme de traitement», a ajouté Olivier Morzelle.

Le préfet a par ailleurs «démenti» les affirmations de Robin des bois selon lesquelles ces opérations d'évacuation ne seraient «pas terminées avant le mois d’avril». Elles devraient prendre encore «plutôt quelque chose comme un mois et demi, deux mois», même si «ça prendra le temps que ça prendra», selon le préfet.

Il reste 977 fûts à évacuer sur environ 1 300 au départ, selon le préfet. Entamée fin octobre, l'évacuation devait au départ durer deux mois au total.

Manifestation la semaine dernière

Deux mois après l'incendie du site, des manifestants réclament toujours davantage d'informations. Les habitants se sont rassemblés le 26 novembre au soir pour dénoncer le «manque de transparence» du gouvernement. La population reste inquiète malgré les avancées de l'enquête.

Lors de sa venue à Rouen fin octobre, le chef de l'Etat avait été hué par des manifestants.

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