Emmanuel Macron est catégorique : le mouvement de grève du 5 décembre contre la réforme des retraites, qui s'annonce pourtant très suivi, ne se résume finalement qu'à une «mobilisation contre la fin des régimes spéciaux».
Pour le chef de l'Etat, qui donnait une conférence de presse ce 22 novembre à Nesle, dans la Somme, cette journée de grève interprofessionnelle sera donc principalement le fait «de salariés d'entreprises, qui relèvent des régimes spéciaux», notamment «les grandes entreprises de transports».
Mise en garde sur le droit à manifester
Et le chef de l'Etat ne s'est pas arrêté là dans sa critique de la mobilisation à venir. «Cela fait quelques mois que les uns ou les autres, inspirés par une logique de politique politicienne ou par une vision de la société que je ne partage pas, veulent à chaque occasion créer le désordre», a-t-il attaqué, jugeant par ailleurs «étrange» une mobilisation contre une réforme «dont on ne connaît pas les termes exacts».
Le président s'est en outre permis une mise en garde claire, expliquant que le droit de manifester devait être respecté «dans un cadre, celui de la non-violence». «Tous ceux qui franchissent cette ligne sont les ennemis du droit de manifester», a-t-il lancé, affirmant que tous ceux qui essayaient de «jouer avec les peurs» non seulement se «tromp[aient] de combat», mais aussi prenaient «des responsabilités au regard de la démocratie».
Provocation ?
S'agirait-il d'une nouvelle provocation ? En tout cas, Emmanuel Macron n'en est pas à son coup d'essai lors de sa visite à Amiens, où il a notamment été interpellé par d'anciens salariés de l'usine Whirlpool. Devant des étudiants du nouveau site de l’université de la ville, il avait regretté le regard «trop négatif» porté par le pays sur lui-même. «On a l’impression si on s’écoute collectivement, si on branche la radio ou qu’on allume la télé, que tout est terrible […] En ce moment notre pays est, je trouve, trop négatif sur lui-même», a-t-il dit le 21 novembre.
Malgré les nombreuses critiques du président de la République, le mouvement de grève du 5 novembre devrait être particulièrement suivi. De la SNCF à EDF, de la RATP à Air France, en passant le secteur hospitalier et les Gilets jaunes et les menaces des forces de l'ordre, les appels à faire grève contre la réforme des retraites se sont accumulés ces dernières semaines. Pas sûr que cette dernière sortie d'Emmanuel Macron soit de nature à calmer la grogne.
Lire aussi : Manifestation du 5 décembre : Macron bouscule son agenda et n'ira pas à la COP25