Economie

Face à la grogne, le gouvernement dévoile son «plan d'urgence» pour les hôpitaux

Edouard Philippe et Agnès Buzyn ont dévoilé un «plan d'urgence» pour l'hôpital public. Il comprend des primes pour les personnels, une rallonge budgétaire et une reprise partielle de la dette des établissements.

Après huit mois de grève, le gouvernement lâche enfin du lest pour les hôpitaux publics. Il vient de dévoiler, ce 20 novembre, son «plan d'urgence». Le Premier ministre Edouard Philippe n'a pas lésiné sur les termes, parlant de «moyens considérables» afin de «redonner de l'oxygène à la communauté des soignants».

800 euros net par an pour les aides-soignants de région parisienne

Principale mesure, une prime annuelle de 800 euros net sera attribuée de manière «pérenne» à quelque 40 000 infirmiers et aides-soignants vivant à Paris et dans sa proche banlieue et gagnant moins de 1 900 euros par mois.

«Nous devons reconnaître la situation spécifique de Paris et de la petite couronne», a souligné la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Elle a d'ailleurs reconnu que des charges, comme le logement ou la garde des enfants, «pèsent de manière déraisonnable dans le pouvoir d'achat de certains soignants».

300 millions pour les hôpitaux en 2020, un tiers de la dette repris 

En outre, le budget des hôpitaux va bénéficier d'un coup de pouce de 1,5 milliard d'euros sur trois ans, dont 300 millions dès 2020. 

«Cet argent vient en plus de la trajectoire budgétaire prévue par le gouvernement» et «l'augmentation sera votée dès la semaine prochaine dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale» (PLFSS), a précisé le chef du gouvernement Edouard Philippe. Par ailleurs, «l'intégralité» des 400 millions d'euros de crédits gelés en début d'année sera «débloquée dans les prochains jours», a-t-il ajouté.

Enfin, l’État va reprendre 10 milliards d'euros de dette des hôpitaux sur trois ans afin d'aider à «restaurer l'équilibre financier des établissements», a annoncé Edouard Philippe.

Cela représente un tiers de la dette totale des hôpitaux (30 milliards d'euros). Objectif : permettre d'alléger le fardeau des intérêts d'emprunt et «moderniser» les établissements, dixit le Premier ministre.

Mouvement social le 5 décembre

Ces annonces interviennent à deux semaines d'une grève illimitée contre la réforme des retraites prévue le 5 décembre. Elles font aussi suite aux mesures présentées par la ministre de la Santé entre juin et septembre, chiffrées à 750 millions d'euros sur trois ans, qui n'avaient pas suffi à mettre fin à la grève des urgences démarrée en mars.

Parti de la capitale, le mouvement s'est étendu à toute la France avec 268 établissements touchés en fin de semaine dernière.

Ce conflit, qui ne concernait à l'origine que des soignants, a coagulé tous les mécontentements de l'hôpital.

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