«Ca me met hors de moi» : le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a fait part de sa colère ce 1er septembre après l'annonce du rachat d'un constructeur de locomotives allemand par le géant chinois CRRC, épouvantail qu'il avait brandi en vain en début d'année pour justifier la fusion Alstom-Siemens, que la Commissaire européenne à la Concurrence avait interdite. Une décision qui avait déjà provoqué la fureur de Bruno Le Maire.
Lors de l'émission Le Grand Rendez-vous d'Europe 1-CNews-Les Echos, le ministre a prévenu que la France, avec certains partenaires européens, demanderait à la prochaine présidente de Commission européenne, qui prendra ses fonctions le 1er novembre, une révision des règles de concurrence.
Il n'a en outre pas écarté l'idée de voir la candidate française Sylvie Goulard briguer la succession de la commissaire chargée du dossier, Margrethe Vestager : «On ne peut pas écarter d'emblée l'idée que la France pourrait s'intéresser à la concurrence, nous avons des idées sur ce sujet», a-t-il affirmé, sans plus de précisions.
C'est en effet Margrethe Vestager qui avait rejeté et interdit début février dernier le projet de fusion des activités ferroviaires du français Alstom et de l'allemand Siemens, justifiée à l'époque par la nécessité de contrer les ambitions du numéro un mondial, le chinois CRRC.
Or le 26 août, le groupe allemand d'infrastructures ferroviaires Vossloh a annoncé sa volonté de céder son activité de construction de locomotives à une filiale de CRRC.
«Il y a des mois que nous répétons, avec Peter Altmaier, le ministre de l'Economie allemand [...] qu'il faut nous armer face à la concurrence chinoise», a souligné Bruno Le Maire.
«Et la commission n'a cessé de nous dire : "C'est faux, ça n'arrivera jamais, ne vous inquiétez pas, dormez sur vos deux oreilles bonnes gens". Qu'est-ce qui se passe ? CRRC entre en Europe, veut acheter des entreprises, et commence à construire des lignes ferroviaires», a poursuivi le ministre.
«Donc oui ça me met hors de moi parce que je me bats pour une Europe qui protège, pas pour une Europe qui ouvre tout grand son marché à d'autres acteurs qui n'ouvrent pas leur propre marché», a-t-il lancé.
«Nous avons fait des propositions avec la Pologne et l'Allemagne sur la révision des règles de concurrence et nous allons écrire à nouveau [à la Commission européenne]», a ajouté le ministre.
«[Ces propositions] n'ont qu'un seul objectif, mieux nous armer face à la concurrence internationale, et l'exemple d'Alstom-Siemens doit être un exemple emblématique de ce qu'il ne faut plus faire, c'est-à-dire nous empêcher de nous rassembler pour peser face aux géants chinois ou face aux géants américains», a-t-il affirmé.
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