Selon un sondage Elabe pour Les Echos, Radio Classique et l'Institut Montaigne, 47 % des Français se disent «opposés à la réforme des retraites prévue par Emmanuel Macron et le gouvernement d'Edouard Philippe». Seuls 27% la soutiennent tandis qu’un quart des interviewés est sans opinion.
Les seniors (50-64 ans) sont les plus opposés, même si la proportion est élevée aussi chez les jeunes (42% des 18-34 ans), en revanche ces derniers sont plus souvent ni opposés, ni favorables. Le projet de réforme en revanche, divise nettement les classes sociales. Ainsi, chez les catégories sociales moyennes et inférieures le rejet de la réforme est de 55% et monte à 58% chez les ouvriers alors qu’une majorité relative (43%) des cadres et professions libérales y est favorable.
Les plus enthousiastes sont les retraités avec 39% d’opinions favorables au projet de réforme, même s’ils ne sont pas concernés.
Cette réforme divise aussi en fonction des convictions politiques et l’institut Elabe souligne que les électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017, sont respectivement 60% et 55% à être favorables à la réforme, tandis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen, sont eux respectivement 71% et 65% à y être opposés. Les abstentionnistes sont eux aussi plutôt opposés à la réforme (49%).
74% sont convaincus que le montant des pensions va diminuer
Parmi les principaux désavantages perçus, 74% se disent convaincus qu’il faudra travailler plus longtemps et la même proportion pense que le montant des pensions va diminuer. Enfin 59% déclarent spontanément qu’il «faudra faire de plus en plus appel à des organismes privés pour préparer sa retraite». Seuls 4% des Français estiment que la réforme prévue n’a aucun inconvénient.
La méfiance généralisée des Français révélée par ce sondage fait écho à celle des syndicats qui ont rencontré, en même temps que les organisations patronales, le Haut-Commissaire lors de consultations entre début avril et le 10 mai.
Force ouvrière (FO) qui a claqué la porte des consultations affirme sur son site, par la voix de Philippe Pihet, son secrétaire confédéral au retraites, que le système par points est forcément moins avantageux que le système actuel par répartition et pourrait entraîner dans certains cas une baisse de 30% des revenus.
Le projet de réforme ne sera toutefois rendu public que le 18 juillet. On en connait l’orientation générale : fusionner l’ensemble des régimes en un système à points tout en maintenant l’âge de droit à la retraite à 62 ans.
Le Haut-Commissaire à la réforme des retraites a en outre révélé plusieurs pistes le 3 juillet lors d'un colloque à l'Institut des politiques publiques. Par exemple, les très revenus au-delà de 10 000 euros brut par mois pourraient avoir à acquitter une «cotisation déplafonnée non créatrice de droits», ce qui irait à l’encontre du projet du chef de l'Etat, fondé sur la promesse qu' «un euro cotisé donnera les mêmes droits à tous».
Un engagement déjà écorné par le «régime de cotisation adapté» accordé en octobre aux travailleurs indépendants pour leur éviter un alignement brutal sur le taux des salariés du public et du privé.
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