Economie

Tom Enders is warning you : Airbus menace 110 000 emplois au Royaume-Uni par message vidéo

Royal au bar ! Le site web de l'avionneur européen propose en téléchargement gratuit sa vidéo explicitement menaçante pour l'emploi au Royaume-Uni dans laquelle le patron d'Airbus «presse les responsables britanniques d'éviter un no-deal Brexit»

Le président exécutif d'Airbus, l'Allemand Tom Enders, a averti le 24 janvier qu'il pourrait déplacer la construction des ailes de ses avions hors de Grande-Bretagne à défaut d'une sortie ordonnée de l'Union européenne. Une annonce qu'il a faite dans un message vidéo de trois minutes disponible sur YouTube.

Intitulé «Le président d'Airbus presse les responsables britanniques d'éviter un no-deal Brexit» ce clip vidéo est aussi accessible en téléchargement gratuit sur le site web de l’avionneur, en trois formats, dont un en très haute définition. Succès garanti sur les réseaux sociaux, et inégalable matériau à mèmes grâce aux mimiques de Tom Enders.

In cauda venenum, mais là, le venin vient très vite. Après avoir rendu hommage à l’industrie aéronautique britannique réputée pour avoir inventé le premier moteur à réaction puis fabriqué le premier avion de ligne équipé de ce type de moteur, Tom Enders déclare que «le secteur aérospatial britannique se trouve maintenant au bord du précipice».

Puis, la mine alternant signes de contrition et de sévérité, il annonce : «Chez Airbus nous allons devoir prendre des décisions très néfastes pour le Royaume-Uni.»  

Un mise en garde directe concernant l'emploi. Sur son site internet, Airbus place en évidence une infographie qui détaille sa présence économique et industrielle au Royaume-Uni : plus de 25 sites en Grande-Bretagne, 14 000 emplois directs, plus de 100 000 emplois indirects, «plus de quatre mille appentis au cours des dix dernières années», des accords de formations diplômantes avec «plus de 20 universités britanniques».

Il y a pleins d'autres pays qui aimeraient construire les ailes des Airbus

Dans son message, Tom Enders cible les partisans d'un Brexit dur ou No Deal Brexit, dont il qualifie les arguments de «folie». Le patron d'Airbus réfute aussi l'idée qu'Airbus disposerait «d'usines trop gigantesques» en Grande-Bretagne pour plier bagages du jour au lendemain, et que plus vraisemblablement il ne partirait pas du tout : «Ne vous y trompez pas [...] il y a plein d'autres pays qui aimeraient construire les ailes des Airbus.»

«C’est une honte que plus de deux ans après le vote de 2016 sur le Brexit, les entreprises ne soient toujours pas en mesure de se préparer à l’avenir», ajoute Tom Enders. Puis il égrène les chiffres de la communication publique de l'avionneur européen sur l'emploi et précise qu'il «génère une activité d’environ 6 milliards de livres [6,9 milliards d’euros]».

Pour finir le patron d’Airbus exhorte les destinataires de son message à se rassembler pour élaborer un «accord de Brexit qui permette une sortie en bon ordre». Détail troublant : avant cette invitation, Tom Enders émet ce qui semble être une condition : «Si vous êtes sûrs que le Brexit est bon pour la Grande-Bretagne.»

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