Depuis la chambre de commerce allemande à Londres, Tom Enders, le patron d’Airbus, a prononcé son jugement sur l’action du gouvernement britannique, le 9 juillet au soir : «La déclaration de Chequers semble montrer que le gouvernement de sa Majesté va dans la bonne direction.» Son satisfecit accordé à Theresa May a été publié peu de temps à près par @Airbus, le compte officiel de l’avionneur européen sur Twitter.
En fin de semaine dernière, le 6 juillet, le gouvernement de Theresa May s'était réuni pendant 12 heures à Chequers, la résidence de campagne du Premier ministre. A l'issue de ces discussions tendues, Theresa May avait obtenu l'assentiment de son gouvernement sur les grandes lignes de son plan pour le Brexit prévu fin mars prochain.
Ces propositions, qui doivent être détaillées dans un prochain livre blanc, prévoient de mettre en place une zone de libre-échange pour les biens entre le Royaume-Uni et l'UE ainsi qu'un nouveau modèle douanier avec les 27, afin de maintenir un commerce «sans friction» avec le continent.
Depuis, cette position a entraîné le départ de deux poids lourds du gouvernement, David Davis (qui était ministre du Brexit) et Boris Johnson (Affaires étrangères), adeptes d'une rupture nette des liens avec l'Union européenne.
Les 15 000 emplois britanniques d'Airbus sur la sellette
Cependant cette proposition semble avoir donné satisfaction au patron d'Airbus qui avait reproché aux responsables britanniques, quelques jours auparavant, «de n'avoir aucune idée» de ce qu'ils faisaient à propos du Brexit. Airbus emploie 15 000 personnes au Royaume-Uni, réparties sur 25 sites différents. Les ailes de ses avions y sont fabriquées avant d'être envoyées à des usines d'assemblage final dans d'autres pays européens, principalement l’Allemagne, l’Espagne et la France.
L'avionneur craint des perturbations sur sa chaîne de production en cas de Brexit désordonné ou «dur» et a menacé de réduire ses investissements au Royaume-Uni en cas de sortie de l'UE sans accord entre Londres et Bruxelles.
En revanche, le patron d’Airbus s'est montré plus optimiste le 9 juillet au soir après avoir pris connaissance de la nouvelle position du gouvernement conservateur. Il a même été jusqu’à opposer Londres et Bruxelles en ajoutant dans son tweet (mentionné plus haut) : «Nous n’hésitons pas à réclamer que Bruxelles et nos autres pays d'origine se montrent aussi pragmatiques et justes.»
Un capital détenu par trois Etats membres et des fonds de pension
Par autres pays d’origine, comprendre la patrie de Thomas Enders, l’Allemagne, mais aussi l’Espagne et la France actionnaires étatiques d’Airbus group dont, ensemble, ils ne détiennent que 26,26% (France 11,1%, Allemagne 11%, Espagne 4,16%). Le 3e actionnaire par le montant de sa participation, devant l'Etat espagnol donc, est actuellement le gestionnaire de fonds de pension américain Capital Research & Management qui détient 5,85% et 4,02% du capital à travers deux fonds dédiés. On trouve aussi un autre des trois plus importants gestionnaires de fonds au monde, The Vanguard Group (1,82%), ainsi que Société générale gestion (1,67%).
Toutefois, hors les participations des trois Etats membres, le reste des parts est du «flottant», c’est-à-dire un ensemble d’actions négociables quotidiennement et non des investissements industriels durables.
Thomas Enders devrait quitter ses fonctions à la tête du groupe Airbus vers avril 2019, juste après la date officielle du Brexit, le 29 mars.