Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a jugé mercredi «solide» l'offre de reprise de l'aciérie Ascoval par le groupe franco-belge Altifort qui propose un «projet crédible et viable», pour le cabinet d'experts Roland Berger, mandaté par le gouvernement en vue d'étudier le projet de reprise, selon des participants à une réunion à Bercy sur ce dossier, ce 31 octobre, cités par l’AFP.
«Aujourd'hui, l'offre d'Altifort me paraît solide [même si] un certain nombre de fragilités subsistent», a déclaré aux syndicats et aux élus le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, lequel soutient qu'il y a «une chance» pour sauver le site de Saint-Saulve, dans le Nord (281 emplois), en redressement judiciaire.
Ont notamment assistés à cette réunion le président de la région des Hauts de France Xavier Bertrand (ex-LR) et le député PCF du Nord Fabien Roussel, tous deux très mobilisés sur le dossier.
Pendant cette réunion, le cabinet d'experts indépendants Roland Berger a jugé que le projet était «solide», «crédible» et «viable». Il a aussi estimé que, parmi les priorités, il fallait que l'usine d'Ascoval, actuellement à l'arrêt, «se remette au travail», selon des participants. Déterminé, Bruno Le Maire a déclaré lors de cette réunion : «Je ne laisserai personne entraver une reprise crédible pour les salariés et pour le site industriel», sans qu’il soit possible d’établir avec certitude s’il parlait des salariés d’Ascoval ou plutôt de Vallourec, que le ministre de l’économie a «choisi de laisser de côté».
Détenu à 17% par l'Etat, Vallourec a refusé le premier projet de reprise
De leur côté les sidérurgistes d'Ascoval ne travaillent plus depuis le 23 octobre et ont bloqué le 28 octobre le site de production de Vallourec à Aulnoye-Aimeries (Nord) pour faire pression sur le groupe et le gouvernement.
Depuis son siège de Boulogne-Billancourt, le géant mondial du tube d’acier, détenu à 17% par l’Etat via la Banque publique d’investissement (BPI), au-demeurant principal client et premier actionnaire d'Ascoval, avait le 22 octobre refusé les conditions posées précédemment par Altifort. L’investisseur spécialisé dans l’industrie qui emploie lui-même 1500 salariés exigeait un engagement de Vallourec à maintenir pendant un an et demi son niveau actuel de commandes, ce qui aurait fragilisé Vallourec qui accuse déjà des pertes.
«Si ça échoue, je rappellerai à Vallourec ses responsabilités : ils ont intérêt que la reprise marche mais je pense qu'il ne vaut mieux pas qu'ils se mêlent de la reprise car je ne peux pas déshabiller Pierre pour habiller Paul», a commenté aujourd’hui le ministre acceptant les justifications du sidérurgiste après avoir exercé une certaine pression publique sur ses dirigeants au moment du refus.
Cependant les conclusions du cabinet Berger, qui devait aussi étudier les perspectives du carnet de commandes de l’usine de Saint-Saulve, ont un peu rassuré les syndicalistes. Avant même la fin de la réunion, Salvatore Benedetti, délégué du personnel d'Ascoval et élu au CE cité par l’AFP, a estimé que c’était de «bonnes nouvelles», ajoutant : «Ça fait plusieurs mois qu'on se bagarre. On n'y croyait plus [...] Il va falloir remonter nos manches et montrer à Vallourec qu'on n'a pas besoin d'eux.» De son côté, Gérard Del Tufo, délégué CFDT, voyait «encore beaucoup de scepticisme», ajoutant : «Il faut voir les conditions [de reprise] [...] Il faut des commandes fermes, pour le moment on n'a pas de garanties.» De son côté le directeur d'Ascoval, Cédric Orban, s'est dit « inquiet».
Je ne suis pas là pour vendre des rêves
La veille de cette réunion à Bercy, Bruno Le Maire depuis les rangs de l’Assemblée où il répondait aux traditionnelles questions au gouvernement avait déclaré que la reprise de l'aciérie Ascoval, qui emploie 281 personnes, ne pourrait fonctionner qu'à deux conditions : «qu'il y ait un carnet de commandes qui soit suffisant [et] qu'il y ait un financement suffisant».
«Je ne suis pas là pour vendre des rêves, je ne suis pas là pour vendre des illusions [mais] tant qu'il y a la moindre possibilité [...] pour maintenir cette aciérie ouverte, nous ferons tous les efforts pour y parvenir», avait insisté le ministre de l’Economie.
Les banques auront leur mot à dire
C’est en dernier ressort la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg qui doit rendre sa décision le 7 novembre, en pleine visite du président de la République dans la région à l’occasion de son déplacement prévu dans le Nord dans le cadre des commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale.
Enfin, les banques auront leur mot à dire car alors que le cabinet Roland Berger a identifié un «besoin de financement de 180 millions d'euros pour […] la reprise des pertes et les investissements», Altifort n’avait prévu dans un premier temps de n’investir que 35 millions d'euros sur ses fonds propres qui pourraient être abondés par 12 millions d'euros d’argent public de la région.
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