Economie

Augmentation du SMIC de 20% : Valérie Pécresse se mélenchonise-t-elle ?

Le 21 juin, Valérie Pécresse a proposé une mesure étonnante : augmenter le salaire minimum. A l'apparence sociale, cette proposition est en réalité dans la lignée libérale. La présidente de région n'essaierait-t-elle pas de mener la fronde à LR ?

Valérie Pécresse a-t-elle réalisé un coup médiatique ? Invitée de BFM TV le 21 juin, la présidente Les Républicains (LR) de la Région Ile-de-France a proposé «d'augmenter le Smic net de 20% [...] pour le passer à 1 300 euros», en reprenant une idée de Guillaume Peltier.

Une mesure sociale... ou libérale ?

Le 19 juin, le député LR avait effectivement annoncé souhaiter «briser un tabou à droite» en évoquant une hausse du salaire minimum. De fait, Les Républicains sont-ils en train de se gauchiser ? En réalité, si l'idée d'élever le Smic d'environ 200 euros figurait bien dans le programme de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle 2017, le projet des deux Républicains est diamétralement opposé à celui de La France insoumise (LFI). En effet, Valérie Pécresse a avoué que, pour parvenir à la hausse des 200 euros supplémentaires, «il fallait les prendre sur les charges sociales qui pèsent sur les salaires». Or ces «charges», ou cotisations sociales, permettent le financement de la protection sociale et des retraites. Jean-Luc Mélenchon, pour sa part, préférerait un réajustement voire une augmentation de ces cotisations afin de mieux protéger le citoyen. Le Smic, ici, serait donc relevé sans compensation financière pour les entreprises puisque la hausse du pouvoir d'achat relancerait l'économie par la consommation, selon la logique insoumise.

Entre LR et LFI, un même but donc, l'augmentation du Smic, mais une manière très différente pour l'atteindre.

La dame Pécresse place ses pions pour contrer le roi Wauquiez

En fait, la mesure proposée par Valérie Pécresse s'inscrit bel et bien dans une direction libérale qui verrait l'Etat se désengager de l'activité sociale de l'entreprise et d'une régulation du marché par les aides sociales. Faut-il comprendre cette inclination centriste, voire macronienne, dans la perspective d'une recherche de leadership au sein de LR, pour mener la fronde face à Laurent Wauquiez ? Alors que celui-ci a renvoyé sa vice-présidente, juppéiste, Virginie Calmels, cette dernière pourrait en tout cas être séduite par le discours de Valérie Pécresse, fondatrice du mouvement Libres ! au sein de LR.

Dans l'entourage du président LR, on resserre les rangs, et on critique vertement cette idée. «Pour Laurent Wauquiez, la priorité doit être la baisse des impôts» a fait savoir, le 21 juin, un proche du président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes auprès de l'AFP.

Réagissant à la première déclaration de Guillaume Peltier, le député Guillaume Larrivé, soutien de Laurent Wauquiez, évoque quant à lui une «idée néo-communiste».

Dans le même temps, le président LR de la commission des finances de l'Assemblée, Eric Woerth, voit, dans l'augmentation du salaire minimum, une «proposition d'un autre siècle, faussement démagogique».

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