Economie

Bruno Le Maire : «la plupart» des entreprises françaises ne pourront pas rester en Iran

Ployant face à la décision de Washington de rétablir les sanctions contre Téhéran et l’extraterritorialité de la justice américaine, le ministre français de l'Economie a fait savoir que la plupart des entreprises hexagonales quitteraient l'Iran.

«La plupart» des entreprises françaises «ne pourront pas» rester en Iran, selon le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire qui s'exprimait ce 19 juin sur RMC, après le retrait début mai des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de sanctions américaines visant Téhéran.

«[Ces entreprises] ne pourront pas rester car elles ont besoin d'être payées pour les produits qu'elles livrent et fabriquent en Iran et elles ne peuvent pas être payées car il n'y a pas d'institution européenne financière souveraine et autonome», a poursuivi le ministre.

La priorité, selon le membre du gouvernement français, est désormais «de bâtir des institutions financières européennes indépendantes souveraines qui permettent des canaux de financement entre des entreprises françaises, italiennes, allemandes, espagnoles et n'importe quel autre pays de la planète». «C'est à nous Européens de choisir librement et souverainement avec qui nous voulons faire du commerce», a également martelé le locataire de Bercy, malgré son aveu de faiblesse. «Les Etats-Unis n'ont pas à être le gendarme économique de la planète et comme visiblement le président américain a décidé d'être le gendarme économique de la planète, c'est à nous de nous doter d'instruments pour ne pas être les victimes de ce choix», a encore réagi le ministre de l’Economie.

Il n'y a pas d'institution européenne financière souveraine et autonome

Washington a annoncé début mai son retrait de l'accord nucléaire iranien et a décidé de rétablir ses sanctions vis-à-vis de Téhéran ainsi que de toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique, leur donnant de 90 à 180 jours pour se retirer du pays. La prépondérance absolue du dollar dans les échanges commerciaux rend très difficile pour une compagnie internationale d'ignorer des menaces de sanctions américaines.

Plusieurs entreprises françaises ont déjà annoncé qu'elles se préparaient à se retirer d'Iran, à l'image de PSA qui a vendu 444 600 véhicules en Iran l'an passé. Total a également fait savoir qu'il ne mènerait pas à terme un grand projet gazier en Iran, entamé en juillet 2017, à moins d'obtenir une dérogation de la part des autorités américaines. Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a en revanche affirmé la semaine dernière que le groupe resterait en Iran, quitte à adopter une «voilure réduite».

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