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Iran : Bruno Le Maire et ses homologues européens demandent une exemption de sanctions à Washington

Le ministre de l'Economie et des Finances français a retrouvé ses homologues européens. Ils ont adressé un courrier aux Etats-Unis leur demandant d'épargner les entreprises européennes qui souhaiteraient maintenir leurs activités en Iran.

«Nous demandons aux autorités américaines, dans une lettre avec l’Allemagne, le Royaume-Uni et le service des Affaires extérieures de l'UE, une exemption de toute sanction extraterritoriale américaine pour les entreprises européennes opérant légitimement en Iran et qui doivent pouvoir continuer à le faire !», a fait savoir le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, le 6 juin sur Twitter.

Bruno Le Maire et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian se sont entretenus avec plusieurs responsables européens dont le vice-chancelier allemand, Olaf Scholz, le chancelier britannique de l'Echiquier (chargé des finances et du trésor), Philip Hammond, ou la Haute représentante de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité de l'UE, Federica Mogherini.

Ces représentants ont co-signé une lettre adressée à Steven Mnuchin, secrétaire du Trésor, et à Mike Pompeo, secrétaire d'Etat.

«En tant qu'alliés, nous attendons des Etats-Unis qu'ils s'abstiennent de prendre des mesures qui feraient du tort aux intérêts de défense européens», écrivent les représentants dans leur missive, tout en rappelant qu'ils partagent pleinement l'objectif affiché par Washington d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.

Les trois pays espèrent ainsi que les Etats-Unis respecteront «la bonne foi d'opérateurs économiques qui se trouvent sur le territoire légal européen», tout en demandant des exemptions des sanctions américaines pour les entreprises qui «ont commencé ou conclu des contrats» depuis l'entrée en vigueur de l'accord. S'il n'est pas explicitement cité, le groupe Total représente, pour la France, l'un des principaux enjeux de l'obtention d'un tel régime d'exemption.

La décision, le 8 mai dernier, du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien a eu pour conséquence le rétablissement automatique des sanctions concernant les entreprises américaines mais aussi les sociétés européennes qui avaient repris leurs échanges commerciaux avec Téhéran, en vertu du principe de l'extraterritorialité de la justice américaine. Les Etats-Unis se donnent effectivement le droit de poursuivre des entreprises étrangères partout dans le monde, si celles-ci ne respectent par leurs règles. Par peur de représailles, PSA a déjà annoncé son retrait d'Iran le 5 juin. Un indicateur qui semble dévoiler que certaines entreprises doutent de la capacité politique de l'Europe à résister aux injonctions américaines. 

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