Economie

Sous pression américaine, Twitter interdit certaines publicités liées aux cryptomonnaies

Après Facebook et Google, le réseau social va fortement réduire les publicités liées aux cryptomonnaies. Les risques d’escroquerie sont évoqués, mais c’est la crainte de la justice américaine qui a vraisemblablement conduit à cette décision.


Le réseau social américain Twitter a annoncé, le 26 mars, qu’il allait interdire sur sa plateforme certaines publicités relatives aux cryptomonnaies. Il rejoint ainsi deux autres géants des médias, Google et Facebook, qui ont annoncé récemment des mesures équivalentes. «Nous sommes engagés à assurer la sécurité de la communauté Twitter. Pour cela, nous avons ajouté une nouvelle règle concernant les publicités sur Twitter liées à la cryptomonnaie [en vertu de laquelle] la publicité pour les levées de fonds en cryptomonnaies et les ventes de "jetons virtuels" seront interdites dans le monde entier», a déclaré Twitter dans un communiqué.

Les levées de fonds en cryptomonnaies ou, en anglais ICO (pour initial coin offering), sont l’équivalent, pour le lancement d’une cryptomonnaie, d’une introduction en bourse. Elles consistent à créer une monnaie virtuelle et à la vendre à des investisseurs payant avec d'autres cryptomonnaies ou avec des devises traditionnelles. Les cryptomonnaies sont régulièrement accusées de servir d'outil de blanchiment pour des réseaux criminels et les régulateurs du monde entier tentent de développer des systèmes de supervision. 

La France tente de prendre place sur le marché des ICO

Toutefois, en France, le ministère de l’Economie envisagerait, au détour de la loi Pacte (plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) en cours d’élaboration, des dispositions favorables à ces levées de fonds. Le but affiché est d’offrir un environnement législatif qui permettrait à Paris de devenir une plaque-tournante pour cette nouvelle activité financière.

Mais la justice extra-territoriale américaine pourrait ruiner ces projets. Le 7 mars, une déclaration de la SEC (Securities and exchange commission), a fait plonger l’ensemble des cryptomonnaies. Le gendarme américain des marchés financiers avait en effet laissé entendre que les plateformes d’échange de ces monnaies virtuelles étaient «potentiellement illégales». Une manière d’exercer une forte pression sur l’ensemble des acteurs mondiaux afin de les forcer à s’enregistrer auprès de ses services.

Depuis, la première cryptomonnaie a repris sa chute, en dessous de 8 000 dollars pour un Bitcoin, suivie par la plupart des autres monnaies. Le Litecoin, cinquième monnaie virtuelle par sa capitalisation, c’est-à-dire la valeur de l’ensemble de ces jetons virtuels, s’est également effondrée après l’annonce de la fermeture de la plateforme de paiement LitePay.

Enfin, au plus haut niveau de l'Etat américain, on cherche aussi à faire en sorte que la création de monnaies virtuelles nationales ne puisse contrecarrer les sanctions économiques américaines. Ce fut par exemple le cas, le 18 février dernier avec la signature d'un décret présidentiel interdisant toute transaction en petro, la monnaie virtuelle vénézuélienne, à toute personne morale ou physique américaine ou étrangère présente sur le territoire américain.

Le gendarme financier américain terrorise le secteur

Depuis plusieurs mois, le régulateur américain accumule les actions en justice face à l'explosion du secteur, lançant des enquêtes sur diverses entreprises impliquées sur ce marché et mettant régulièrement en garde les investisseurs.

La semaine dernière, les ministres des Finances du G20 avaient refusé de considérer le Bitcoin et les autres cryptomonnaies comme des monnaies souveraines et ont alerté sur leurs possibles «implications sur la stabilité financière».

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