Economie

Paradise Papers : Bono, Lewis Hamilton, Total et Nike mis en cause dans le scandale

Des célébrités telles que le chanteur Bono, mais aussi les multinationales Apple et Nike : les révélations des Paradise Papers se poursuivent ce 7 novembre, relançant le débat sur la réponse politique aux pratiques d'optimisation fiscale.

Depuis ce 5 novembre, et 18 mois après la révélation des Panama Papers, le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) publie sa nouvelle enquête sur les pratiques d'évasion fiscale. Un nouveau scandale qui épingle plusieurs grands groupes et noms. Parmi ceux-ci, le chanteur Bono, figure de la lutte contre la pauvreté dans le monde. 

L'artiste irlandais, selon l'ICIJ, serait actionnaire d'une entreprise maltaise qui aurait investi dans un centre commercial en Lituanie en recourant à des techniques d'optimisation fiscale. 

Dans un communiqué, le rocker s'est dit «totalement écœuré si, même en tant qu'investisseur minoritaire et passif, son nom a pu être mêlé à quelque chose d'un tant soit peu illégal». Toutefois, le chanteur s'est félicité de ces révélations.

Précédemment, en 2006, le groupe de rock U2, dont Bono est le leader, avait déjà été critiqué pour des arrangements fiscaux, après le transfert d'une partie de ses finances aux Pays-Bas.

Autre célébrité à faire les frais de l'enquête : le quadruple champion du monde de F1, Lewis Hamilton. Le sportif aurait, pour sa part, utilisé une société-écran sur l'île de Man pour économiser 4 millions d'euros de TVA lors de l'achat d'un jet privé de plus de 18 millions d'euros, selon le Guardian, membre du consortium de médias.

Des grands groupes mis en cause

En outre, l'ICIJ met en lumière l'opacité fiscale de plusieurs grands groupes internationaux. Parmi eux, Total qui compte plus de 900 filiales à travers le monde. Le groupe pétrolier est ainsi implanté dans des pays exotiques comme les Bermudes ou les Emirats arabes unis. Selon les documents du Paradise Papers, Total ne paierait aucun impôt sur les sociétés sur une partie de ses activités.

Quant au fabricant d'articles de sport Nike, il est accusé d'avoir créé des sociétés offshore aux Bermudes, auxquelles ses filiales ont versé des centaines de millions d'euros pour utiliser les droits sur la marque. Les bénéfices du groupe, et donc ses impôts, ont été diminués de manière artificielle, selon l'ICIJ. Selon le New York Times, la société de VTC Uber, ou encore le fabricant du Botox, le groupe Allergan, auraient eu recours à des montages semblables. 

Le quotidien américain dit avoir reçu d'Allergan, Nike et Uber des communiqués indiquant que ces sociétés «respectent les règles fiscales internationales».

L'Union européenne entend réagir

«Nous devons faire en sorte que les intermédiaires, ceux qui aident à ce que cela se passe, se sentent responsables», a déclaré la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, lors d'un salon technologique à Lisbonne.

Une nouvelle liste noire, évoquée par Pierre Moscovici, pourrait être finalisée lors d'une prochaine rencontre des ministres des Finances de l'UE le 5 décembre. L'UE a pour l'instant envoyé des lettres à une soixantaine de pays leur demandant de s'engager à faire des réformes, sans quoi elle pourrait les inscrire sur cette liste.

D'après l'ICIJ, qui avait commencé à dévoiler sa nouvelle enquête le 5 novembre, après un an de travail sur des documents provenant notamment du cabinet international d'avocats Appleby, basé aux Bermudes, de nouvelles révélations auront lieu dans les prochains jours.

Selon les calculs effectués pour l'ICIJ par l'économiste Gabriel Zucman, professeur à l'université de Berkeley en Californie, les pratiques des entreprises et des grandes fortunes entraîneraient chaque année près de 350 milliards d'euros de manques à gagner fiscaux dans le monde.

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