Economie

Rebranding de SFR en Altice : accusé d'abus de biens sociaux, Patrick Drahi contre-attaque

Un groupe d'actionnaires minoritaires de la branche téléphonie de SFR Group conteste les décisions de son dirigeant Patrick Drahi. Celui-ci se trouve être le propriétaire de la marque Altice et pourrait toucher une redevance pour son utilisation.

Les grandes manœuvres continuent au sein de la nébuleuse de SFR Group et d'Altice, dont l'organigramme ressemble à celui d'une usine à gaz. Et parmi les soubresauts qui parviennent à la surface, c'est le changement de nom de la Société française du radiotéléphone – créée en 1987 par la Générale des eaux – qui fait des mécontents. Accusé d'abus de biens sociaux par la Charity & Investment Merger Arbitrage (CIMA), un fonds d'investissement actionnaire minoritaire de SFR, la maison-mère Altice a décidé de contre-attaquer et de poursuivre en justice la présidente de la CIMA, Catherine Berjal, rapporte Le Monde ce 27 juillet 2017.

Car derrière le changement de nom, qui peut paraître anodin pour les consommateurs de forfaits téléphoniques, se cachent en réalité des enjeux financiers considérables. La marque Altice est en effet la propriété personnelle de Patrick Drahi. En cas de changement de nom, les filiales de SFR devraient ainsi payer une redevance à ce dernier pour l'utilisation de la marque Altice. Depuis la fin 2016, le fonds CIMA donne beaucoup de fil à retordre à Altice, lui reprochant en outre de vouloir faire payer intégralement par sa filiale SFR une amende infligée par l'Autorité de concurrence en mars 2017. «Nous dénonçons la manière dont Altice gère sa filiale SFR», déclarait Catherine Berjal dans la publication spécialisée Option Finance fin juin 2017. Et de détailler : «Le groupe de médias et de télécoms a en effet récemment pris [des] décisions de gestion qui nous incitent à penser qu’il aurait agi contrairement aux intérêts de SFR et qu’il se serait ainsi rendu coupable d’un abus de biens sociaux.»

Depuis que SFR est tombé dans l'escarcelle de Numericable en 2014, alors qu'Emmanuel Macron venait de remplacer Arnaud Montebourg au ministère de l'Economie, Patrick Drahi, homme d'affaires, franco-israélien résidant en Suisse, a bâti un empire médiatique dont la taille fait craindre pour la liberté de la presse en France. SFR Group possède en effet des médias comme BFMTV, RMC, Libération, ou encore L'Express.

Bien que déficitaire malgré les aides publiques d'Etat, ces médias semblent donc avoir une utilité économique. En intégrant son offre numérique de presse, SFR Presse, à ses forfaits téléphoniques sans en changer le prix, le groupe de Patrick Drahi fait toutefois de substantielles économies sur la TVA, 400 millions d'euros selon les estimations, en appliquant le taux réduit de 2,1%, naguère réservé à la presse papier. Selon Le Monde, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire serait «conscient [de ces] abus».

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