«Les Californiens construisent des ponts, pas des murs [...] c'est un mur de la honte et nous ne voulons y prendre aucune part.» Tels sont les mots de Phil Ting, l'un des parlementaires démocrates à l'origine du projet de loi annoncé le 20 mars, qui demande que deux fonds de pension publics californiens retirent leurs investissements des entreprises qui participeraient à la construction du mur promis par le président américain pour lutter contre l'immigration clandestine.
Le texte de loi AB 946 a été proposé après le lancement par l'agence américaine des douanes et de la protection des frontières (CBP) d'un appel d'offre pour la conception de ce mur, qui devrait s'étendre sur 3 200 kilomètres environ et dont le coût est évalué à entre huit et 40 milliards de dollars.
S'il est voté, le California Public Employee Retirement System (Calpers) et le California State Teachers Retirement System (Calstrs) – dont les investissements s'élèvent à respectivement 312 milliards de dollars et 202 milliards – devront liquider dans l'année qui suivra tout investissement dans les entreprises participant à la construction du mur.
Ce texte de loi fait suite à d'autres propositions similaires à travers le pays, notamment à New York et à San Francisco.
Du côté des entreprises françaises, le projet divise
Le mur de Trump est un sujet qui concerne également la France, dont les entreprises spécialisées dans le BTP ont reçu des appels pour collaborer au projet. Aussi, si le franco-suisse LafargeHolcim s'est dit prêt à vendre son ciment pour ce mur, le 21 mars, l'entreprise française Vinci, géant du BTP, a fait savoir qu'elle préférait ne pas participer à ce fameux projet, afin de ne «pas choquer» ses salariés dans le monde.
«Si nous décidons de faire quelque chose susceptible de choquer une majorité de nos salariés, je crois qu'il vaut mieux l'éviter», a déclaré son PDG Xavier Huillard sur BFM Business.
«Il faut que je prenne en compte la réalité de mon entreprise, ma culture, ma manière de faire et la sensibilité, non pas seulement de mes collaborateurs américains, mais au niveau mondial», a-t-il expliqué.
«Nous préférons plutôt ne pas toucher à ce mur [...] parce qu'il y a des projets qui sont trop exposés, qui représentent plus qu'un simple mur, qu'une infrastructure ou un bâtiment de génie civil», a poursuivi Xavier Huillard, ajoutant qu'il ne s'agissait pas non plus d'un jugement de valeur à l'égard des Etats-Unis.
En février dernier, Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues, avait indiqué ne pas être intéressé par la construction de l'ouvrage, «une structure métallique» sur laquelle le géant du BTP n'a «pas de compétence particulière».
Le projet de mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique est à l'origine d'une crise diplomatique entre Mexico et Washington et suscite de vives critiques à travers le monde.