Economie

Empêtrée dans une crise budgétaire, l'Arabie saoudite veut un pétrole plus cher, mais pas trop

Ryad a besoin d'augmenter ses revenus mais sa marge de manœuvre est étroite. A 50 dollars, le prix du baril ne lui permet pas d'équilibrer son budget et au-delà de 60, la production de pétrole de schiste en Amérique du Nord serait relancée.

Alors que le prix du baril de pétrole se situe à un peu plus de 50 dollars, l'Arabie saoudite aurait l'intention de le faire monter de 10 dollars, rapporte l'agence Reuters. Cette hausse des prix du brut lui permettrait de réduire mécaniquement son déficit budgétaire. 90% des recettes du royaume proviennent de ses ventes de pétrole.

Mais la marge de manœuvre de la monarchie du Golfe est ténue, compte tenu de la concurrence du pétrole de schiste américain. Avec un prix du baril à 60 dollars, sa production pourrait être relancée.

Mais confronté à un déficit budgétaire alarmant, qui atteignait en septembre 2016 près de 15% du produit intérieur brut (PIB) et qui risque de mettre en péril la politique sociale généreuse du royaume en faveur des ressortissants Saoudiens, Ryad doit agir.

Dans la pratique, il n'est pas aisé de piloter précisément les cours du pétrole. S'ils sont trop bas, les pays producteurs se privent d'un revenu conséquent. S'ils sont trop haut, l'exploitation du pétrole de schiste redevient rentable. Et les producteurs américains ne se priveront pas, le cas échéant, de relancer des capacités de production qu'ils avaient limitées en 2014. Les cours du brut devenus trop faibles, ils produisaient à perte.

D'autre part, la production d'hydrocarbures de schiste est plus flexible que celle du pétrole classique. Il ne faut en effet que quelques mois pour relancer l'exploitation d'un gisement de pétrole de schiste contre plusieurs années pour un gisement classique. Ce qui confère aux producteurs de pétrole de schiste américains un avantage sur leur concurrent saoudien.

En septembre 2016, les pays membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) étaient parvenus à un accord de principe pour limiter leur production et faire ainsi remonter les cours de l'or noir.

Trois mois après, en décembre, l'OPEP ainsi que d'autres pays producteurs de pétrole, dont la Russie, avaient conclu un «accord historique» pour réduire davantage la production d'hydrocarbures. L'initiative s'était traduite par une hausse immédiate – mais insuffisante – des cours de brut, du moins pour l'Arabie saoudite. 

Alexandre Keller

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