L'accord de libre-échange transpacifique (TPP) semble mort-né, avec le retrait ordonné par Donald trump. Pour entrer en vigueur, il devait en effet être ratifié par chacun des pays signataires.
Une seule zone de libre-échange, 40% de l'économie mondiale
L'accord de partenariat pacifique (TPP en anglais) a pour but de supprimer les barrières commerciales entre 12 pays : l'Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les Etats-Unis et le Vietnam. Les promoteurs de l'accord ont fait miroiter une croissance des échanges, mais aussi une unification des standards en matière de protection de l'environnement et de protection sociale, faisant craindre un nivellement par le bas.
Un accord qui visait à isoler la Chine
Les négociations visant à établir la zone de libre-échange cachent en fait une rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, alors que Washington tente de garder le contrôle de la région Asie-Pacifique.
Jusqu'à l'émergence de la Chine comme super-puissance économique, les Etats-Unis s'appuyaient sur le Japon, véritable porte-avion américain, dont la politique monétaire et économique est favorable à leurs intérêts économiques.
Pourquoi Donald Trump n'en veut pas
Donald Trump est partisan de mesures dites «protectionnistes». Pendant la campagne présidentielle américaine, il a dénoncé le TPP, le qualifiant de «terrible» pour les travailleurs américains. Le nouveau président américain a ainsi prévu de remplacer le TPP par des accords bilatéraux, sur mesure, avec chacun des 12 pays signataires du traité, désormais caduque.
Négociations secrètes, long silence des médias
Les opposants au TPP dénoncent un processus de négociations secrètes, afin que les grandes multinationales puissent dicter des dispositions leur étant favorables.
Barack Obama avait dénoncé ces critiques en 2014, les qualifiant de «théories du complot». En 2013, Wikileaks publiait pour la première fois une partie du texte, un chapitre concernant la propriété intellectuelle, déclenchant de nombreuses manifestations et pétitions en ligne, et obligeant les médias mainstream à lever l'embargo sur le sujet. Pendant ce temps, l'opinion publique, malgré le silence des médias, se mobilisait également contre le TTIP, le pendant transatlantique du TPP, et le CETA, l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada.
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Déni de démocratie, passage en force
Comme pour son équivalent atlantique le TTIP, les opposants s'inquiètent de la mise en place de juridictions d'arbitrage supranationales, permettant aux sociétés privées d'attaquer les Etats en cas de changements dans leurs législations nationales portant préjudice à leurs intérêts. Une façon de court-circuiter les parlements, et donc la volonté populaire, et d'imposer des réformes sociales et sanitaires.
L'Aléna, le CETA et le TTIP prochains sur la liste ?
L'échec de la mise en place du TPP est une mauvaise nouvelle pour les partisans de l'ultra-libéralisme, parfois même issus de partis de gauche, comme le ministre de l'Economie Michel Sapin, lequel défend le CETA. Donald Trump a exprimé son intention de renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), dont le Canada et le Mexique font partie. Le TTIP, négocié secrètement en lieu et place des Etats membres par l'aréopage de la Commission européenne, ainsi que le CETA, pourraient également se voir compromis. Ce dernier traité doit encore être ratifié par le parlement européen le 15 février 2017.
L'édifice complexe et enchevêtré de ces différentes zones de libre-échange visait à verrouiller le commerce mondial et court-circuiter les Etats et leurs représentants politiques. Il semble aujourd'hui sur le point de s'écrouler comme un château de cartes. Il a suffi d'une seule ordonnance de Donald Trump.