Economie

Un Français sur cinq en pleine galère énergétique

Selon l'Observatoire national de la précarité énergétique, près de 12 millions de personnes éprouvent des difficultés à payer leur facture de gaz et d'électricité, et le chèque énergie qui se met en place ne les aidera pas toutes.

Près de six millions de ménages sont considérés en situation de précarité énergétique. C’est ce qui ressort de données publiées le 22 novembre par l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). Les individus concernés consacrent plus de 10% de leurs revenus à leurs dépenses en énergie dans leur logement ou déclarent une sensation de froid liée à un équipement de chauffage défaillant ou une mauvaise isolation.

«Un million de ménages cumuleraient une situation d'inconfort thermique [sensation de froid] et de vulnérabilité économique» par rapport aux dépenses d'énergie, s'inquiète l'ONPE.

«C'est un phénomène croissant, malgré les politiques publiques mises en place», a indiqué Bruno Lechevin, le président de l'observatoire chargé de surveiller la précarité énergétique.

Phénomène en augmentation

Il y a deux ans, lors de la précédente étude livrée par cet observatoire, il considérait que la précarité énergétique concernait 5,1 millions de foyers et environ 11,5 millions de personnes.

Bruno Lechevin explique cette évolution par la hausse des prix de l'énergie, la crise économique qui a rendu certains ménages plus vulnérables, mais aussi par une meilleure mesure du phénomène.

Sans surprise, les foyers en situation de précarité économique ou sociale sont ceux qui ont le plus de difficultés à payer leurs factures d'énergie.

Les locataires sont également surreprésentés, tout comme les personnes seules ou les familles monoparentales, ainsi que les foyers vivant dans des logements anciens ou avec un chauffage collectif.

Selon un récent sondage du Médiateur national de l'énergie, un tiers des Français ont dû restreindre leur chauffage pour limiter leur facture et 8% des ménages interrogés ont déclaré avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures.

«Une augmentation de 10% du prix de l'énergie peut faire basculer environ 500 000 ménages en situation de précarité», assure Bruno Lechevin.

La loi sur la transition énergétique votée en 2015 a instauré un dispositif de chèque énergie pour aider les ménages aux faibles revenus à payer leurs factures ou à réaliser des travaux de rénovation énergétique.

Actuellement au stade d'expérimentation, il devrait bénéficier à partir de 2018 à près de quatre millions de ménages, se substituant aux tarifs sociaux de l'électricité et du gaz.

«On voit tout de suite l'écart avec les 5,6 millions de ménages en situation de précarité», regrette Bruno Lechevin, même s'il défend ce mécanisme qui n'est plus limité au gaz et à l'électricité mais étendu à tous les modes de chauffage (fioul, bois, etc).

Rénover les logements

Son montant s'élèvera entre 48 et 227 euros par an, pour une moyenne de 150 euros, calculé en fonction des revenus.

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Mais cela reste inférieur aux besoins qu'il faudrait mobiliser pour mettre fin à la précarité énergétique. L'ONPE a calculé qu'il faudrait en effet réduire la facture énergétique des ménages d'un montant compris entre 526 et 735 euros par an pour qu'ils sortent de leur situation de précarité.

Par ailleurs, à lui seul, ce chèque énergie ne résoudra pas le problème, estime le président de l'observatoire.

«Si l'aide au paiement des factures est une action urgente nécessaire, l'action de fonds c'est la rénovation de l'habitat pour que les ménages précaires consomment mieux et moins», explique-t-il.

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La loi sur la transition énergétique prévoit un objectif ambitieux de 500 000 logements rénovés par an à partir de 2017. L'Agence nationale de l'habitat (Anah) a indiqué qu'elle pourrait en rénover 70 000 cette année.

Outre le chèque énergie, le dispositif des certificats d'économies d'énergie (CEE) finance également la lutte contre la précarité énergétique, par une contribution des fournisseurs d'énergie.