Economie

Joseph Stiglitz, nobel d'économie : Jean-Claude Juncker est un «architecte» de l'évasion fiscale

Après la publication de ses recommandations pour lutter contre l'évasion fiscale, Joseph Stiglitz était invité à s'exprimer devant le Parlement européen. Et quand il s'agit du dirigeant européen Jean-Claude Juncker, le prix Nobel parle sans ambages.

«L'Union européenne a à sa tête un "architecte", dirais-je, d'un programme d'évasion fiscale qui a nui [...] à d'autres pays [...] oui c'est problématique», a déclaré Joseph Stiglitz à une question posée par le député Front national (FN) Gilles Lebreton, membre de la commission d'enquête du Parlement européen sur les «Panama papers». «Pensez-vous que l'Union européenne ait réellement la volonté de lutter contre la corruption et l'évasion fiscale» alors que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est un ancien Premier ministre «du Luxembourg, un ancien paradis fiscal ?», interpellait ainsi le député FN.

Mais pour Joseph Stiglitz, par ailleurs très critique vis-à-vis de la monnaie unique européenne, «en revanche il y a une bonne nouvelle, c'est que les gens sont tellement au courant que ça a attiré l'attention de l'opinion publique sur ces questions d'évasion fiscale», estime ainsi le prix Nobel d'économie 2001 qui vient de publier le 15 novembre 2016 un rapport de recommandations, élaborées en commun avec un comité d'experts indépendants, destinées à combattre «l'économie souterraine».

Depuis 2014 et les révélations des Luxleaks, puis des Panama Papers en 2016, il est établi que le Luxembourg, dont Jean-Claude Juncker a été le Premier ministre de 1995 à 2013 mais aussi ministre des Finances, a couvert un vaste système d'évasion et d'optimisation fiscale. Le Grand-duché pratique également une politique de dumping afin d'attirer les entreprises. Joseph Stiglitz appelle ainsi les chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier à «mettre fin au secret des paradis fiscaux» et à «cesser la course au dumping fiscal», dans le but de retenir les multinationales qui produisent ou s'installent dans les pays les plus attirants fiscalement.

Des paradis fiscaux à mettre en «quarantaine»

Des paradis fiscaux, qu'il recommande de considérer «comme les porteurs d'une dangereuse maladie». Le prix Nobel d'économie préconise même de les mettre en «quarantaine», n'hésitant pas à mettre l'Union européenne devant ses contradictions : «Les régulateurs américain et européen devraient traiter les paradis fiscaux comme les porteurs d'une dangereuse maladie. Sans contrôle, ça peut se propager comme un virus virulent », peut-on lire dans son rapport.

Lire aussi : Evasion fiscale: 560 contrôles fiscaux lancés en France sur la base des Panama papers