Le virage social libéral assumé par le gouvernement ne cesse de faire des vagues. Critiqué par une majorité de la classe politique pour ne pas avoir remis la France durablement sur les rails de la croissance et de l'emploi, le gouvernement doit, en plus de certains élus de gauche, désormais affronter la fronde de plusieurs dizaines économistes. Ces derniers constatent amèrement que la France et les pays européens se sont « engagés dans une course mortifère à la compétitivité par l’austérité dont l’objectif se résume à prendre des parts de marché et des emplois aux pays voisins».
La tribune appelle, entre autre, à un « nouveau pacte productif à la fois écologique et social », une hausse de 10 % des salaires les plus faibles et à un plan de soutien de l’activité d'un montant de 40 milliards d’euros. Des propositions qui vont à contre-sens des mesures de rigueurs budgétaires mises en place et qui replace l'Etat au cœur de la relance économique.
L'Union européenne critiquée
A l'instar de Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS, les économistes critiquent vivement «les règles néolibérales qui font que l'Union est devenue le grand malade de l'économie mondiale». Pour sa part, Christophe Ramaux, maître de conférences à l’Université Paris I, concède néanmoins que « les lignes ont bougé depuis un an, avec le dossier grec, par exemple ».Toutefois, il affirme que France ne doit pas hésiter à arriver «à une rupture avec l’Allemagne» qui lui permet de dégager des excédents commerciaux grâce à l'Euro.
«La sortie du sombre tunnel politique dans lequel (l'Europe) est engagée ne passe pas uniquement par l'économie. Mais elle restera hors de portée si l'on s'acharne à poursuivre des politiques néolibérales qui creusent les inégalités», concluent les économistes.
Lire aussi : «Il y a une menace très lourde sur l’existence de l’Europe»