Un euro et un rouble fort, une Silicon Valley qui tangue, un Brésil qui rebondit, des démocrates qui conservent la présidence, un baril de pétrole à cent dollars, de l’argent qui rattrape l’or, une Réserve Fédérale agressive, une hausse de l’inflation et une baisse du luxe. Quel programme pour 2016 !
L’euro creuse à nouveau l’écart avec le dollar
La politique d’assouplissement quantitatif initiée en mars dernier par la Banque centrale européenne (BCE) et le relèvement des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) plaident pour un euro à la baisse face au dollar. En effet, en injectant des milliards d’euros pour racheter de la dette souveraine sur le marché secondaire, l'institution de Francfort affaiblit la valeur l'euro. En remontant les taux outre-Atlantique, la Fed augmente au contraire le loyer de l’argent, attire les capitaux et logiquement devrait faire remonter le dollar.
Mais Saxo Bank a décidé de prendre le contre-pied de cette analyse. Selon ses spécialistes, le taux de change devrait monter à 1,23 dollar pour 1 euro en 2016, contre 1,09 au moment où nous écrivons ces lignes. Le compte courant excédentaire européen et la faible inflation sont parmi les facteurs invoqués pour motiver cette prédiction.
Le rouble en position de force
Une bonne nouvelle pour la Russie, si elle venait à se confirmer. Les analystes de Saxo Bank voit la monnaie russe reprendre du poil de la bête en 2016. Ils tablent même sur une réévaluation de 20% par rapport au panier dollar/euro. Une augmentation des prix du pétrole ainsi qu’un accroissement de la demande en Chine et aux Etats-Unis, où la production d’or noir ralentit, favorisent le renforcement du rouble. La position de force de la Russie sur la scène internationale pourrait également provoquer un abandon des sanctions économiques. Ce qui produirait un flux d’investissements vers la Russie, de quoi requinquer la monnaie russe.
Un parfum d'an 2000 à la Silicon Valley
Une flopée de startups qui lèvent des sommes colossales sans dégager le moindre dollar. Des dirigeants qui s’échinent à augmenter le nombre d’utilisateurs plutôt qu'à faire des bénéfices. Le parallèle avec la bulle internet est frappant. Pour les spécialistes de Saxo Bank, la Silicon Valey pourrait souffrir en 2016. Ils prévoient un excès de nervosité chez les investisseurs. Des business angels qui se montreraient plus frileux quand il s’agit de sortir le chéquier pour des entreprises qui ne rapportent rien.
Le Brésil boosté par les JO
Les Carioca traversent une mauvaise passe. En difficulté économique, le pays est en récession depuis plusieurs trimestres. La crise politique qui le frappe actuellement n’arrange rien. Et pour couronner le tout, la Réserve fédérale américaine a décidé d’augmenter ses taux. Une première depuis sept ans qui pourrait avoir un impact négatif sur le Brésil, les investisseurs préférant un rendement plus faible mais plus sûr aux Etats-Unis.
Mais pas de panique. La ville de Rio de Janeiro accueillera les Jeux olympiques l’année prochaine. Pour les analystes de Saxo Bank, une conjoncture internationale plus favorable, des dépenses liées à l’organisation d’un événement planétaire et quelques réformes permettront au Brésil d’entamer un rebond.
Les démocrates conservent la Maison Blanche
Chez Saxo Bank, on met une pièce sur les démocrates. L’élection présidentielle qui se tiendra l’année prochaine aux Etats-Unis devrait donc voir la Maison Blanche rester aux mains du même parti. Pour les spécialistes de la banque danoise, l’épisode Donald Trump affaiblira les républicains. Obligés d’aller au duel avec un candidat faible, choisi pour ne pas laisser le fantasque milliardaire accéder à la bataille finale, les républicains s’effondrent laissant leurs électeurs démoralisés. Dans ce contexte, les démocrates gagnent la présidence et reprennent le Congrès à la suite des élections législatives.
Le baril de pétrole à 100 dollars
De quoi faire rêver les producteurs d’or noir à l’heure où les prix du pétrole touchent leur plus bas depuis 2009. A écouter les analyste de Saxo Bank, rien ne devrait changer en début d’année. Le marché est toujours saturé par l’excès d’offre, attisée par l’arrivée imminente du brut iranien et la demande, elle, atone.
En savoir plus : Le prix du baril de pétrole tombe en dessous des 35 dollars, son plus bas prix depuis 2009
Mais ensuite, cette dernière va augmenter en raison des risques géopolitiques qui pèsent sur les pays producteurs. Et dans ce contexte, le baril monterait même jusqu’à 100 dollars avant de se stabiliser aux allentours des 50-70 dollars.
L’argent monte en flèche
Si, à l’instar du métal doré, l’argent a souffert en 2015, l’année prochaine pourrait lui offrir un avenir plus radieux. Une baisse de la production, couplée à une augmentation de la demande devrait faire remonter les prix. De plus, les nouveaux objectifs concernant le climat soutiendront le métal. L’argent est très utilisé pour la fabrication de cellules solaires. Selon Saxo Bank, ces éléments conduiront l’argent à surperformer de 20%, remettant le ratio or-argent à ses niveaux d’il y a 10 ans.
La Fed provoque un krash obligataire
Selon les analystes de Saxo Bank, la Fed sera amenée à croire, l’année prochaine, qu’il n’existe aucun moyen de dégonfler la bulle que ses assouplissements quantitatifs successifs ont créée. Janet Yellen, sa présidente, serait donc contrainte de mettre en place une politique belliciste avec des taux agressifs. Ce qui provoquerait un cataclysme sur le marché obligataire et pourrait même geler les principaux marchés durant des semaines.
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Le climat fait grimper l’inflation
Plusieurs climatologues considèrent d’ores et déjà que les années 2015 et 2016 seront parmi les plus chaudes des derniers siècles. De quoi accentuer les sécheresses à travers le monde mais aussi les inondations et autres tempêtes. Le retour du phénomène climatique «El nino» en 2016 fait craindre le pire. Il sera d’une telle puissance qu’il asséchera le climat en Asie du Sud-Est et en Australie. Les productions agricoles seront donc fortement impactées dans le cadre de l’augmentation de la demande de matières premières. Tout pour faire grimper les prix.
Le luxe plus à la mode
C’est la prédiction la plus insolite. Les experts de Saxo Bank parient sur un effondrement du marché du luxe en 2016. L’augmentation de la pauvreté, notamment au sein de l’Union européenne avec 123 millions de personnes à risque, serait le facteur déclenchant. Alors que plusieurs pays envisagent l’introduction d’un salaire de base à l’instar de la Finlande, la France suivrait cette voie. Saxo Bank prévoit que l’Hexagone mettra en place dès l’année prochaine un revenu de base et plafonnera les salaires les plus élevés. Cette tendance à plus d’égalité se diffusera dans le monde et, couplée à une baisse de la demande dans les marché émergeants, fera s’effondrer la demande de produits de luxe. LVMH, leader mondial, verrait ses ventes reculer de plus de 50%.