«Il y a beaucoup d’entreprises – et pas que quelques verriers comme on l’a vu – qui vont soit ralentir soit arrêter leur production» : Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, a lancé un «cri d’alerte» ce 15 septembre depuis le plateau de BFMTV/RMC. Interrogé sur la reconduction en 2023 du bouclier tarifaire, le représentant patronal a affirmé qu’il fallait plafonner le prix de l’électricité, car en raison de prix de l'énergie trop élevés, de nombreuses entreprises vont choisir de baisser voire d'arrêter leur production.
«Beaucoup d'entreprises qui font de l'industrie, mais pas que, ont des contrats à terme. Et là ces contrats à terme arrivent à terme, et les prix sont multipliés par dix ou par quinze», développe-t-il. «Quand vous avez vos coûts qui augmentent de 15, de 20, de 25% vous ne pouvez pas du jour au lendemain augmenter vos prix de 25%. Vous avez des clients derrière.»
Celui-ci prend pour exemple un «grand producteur d'aluminium» qui, achetant une partie de son énergie sur les marchés, a dû réduire sa production de 40% : «Donc réduction de production, ce qui veut dire une récession en réalité et dans un certain cas arrêt total.»
Des propos qui ne sont pas sans rappeler la situation d’ArcelorMittal. Déplorant une hausse «exorbitante» des prix de l’énergie, couplée à de mauvaises perspectives économiques, le sidérurgiste a en effet annoncé début septembre la mise à l’arrêt «jusqu'à nouvel ordre» de plusieurs de ses hauts fourneaux en Europe.
Pour Geoffroy Roux de Bézieux, les annonces passées au niveau de l’exécutif tricolore sont loin d’être suffisantes pour les entreprises. Car au-delà des particuliers, des copropriétés et des HLM, le bouclier tarifaire reste réservé aux «plus petites entreprises» a annoncé Elizabeth Borne durant une conférence de presse du 14 septembre.
Aides aux entreprises : face à Bruxelles, Paris limité
Lors de sa propre intervention, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a précisé qu’il s’agirait des entreprises réalisant un chiffre d’affaires de moins de 2 millions d’euros et n'employant pas plus de dix salariés. Ces dernières devront par ailleurs prouver que leur facture d’énergie a représenté plus de 3% de leur chiffre d’affaires, que celle-ci s’est alourdie par rapport à 2021 et qu’au cours du mois précédent leurs bénéfices ont baissé.
«Ce n’est pas suffisant, Bruno Le Maire lui-même l’a reconnu : sur un budget prévisionnel de dépenses de 3 milliards, il n’y a que 10 millions qui ont été demandés» déplore le patron des patrons français qui y voit une «usine à gaz». «Je pense que ce dispositif ne fonctionnera pas», insiste-t-il avant de fustiger des «conditionnalités qui ont été imposées par l’Europe». «Soyons justes, ce n’est pas Bercy qui les a imposées», assure Geoffroy Roux de Bézieux.
Afin de ne pas fausser la libre concurrence, les interventions des Etats auprès des entreprises demeurent scrupuleusement encadrées par les textes européens. Pour le président du Medef, c’est donc à cet échelon supranational qu’un accord doit être trouvé «avant la fin du mois».
«Il faut faire ce qu'ont fait les Espagnols, ce qu'ont fait les Portugais, qui ont eu l'autorisation de le faire avec l'Europe, c'est-à-dire plafonner le prix de l'électricité» déclare-t-il, annonçant que les patronats italien et allemand «sont sur la même ligne». «Il y a des projets en Europe, mais il faut aller vite, parce que sinon on parle vraiment d’arrêt de production» a-t-il martelé.