Afrique

«Je ne sais pas» : le président rwandais «ignore» si les troupes de son pays sont présentes en RDC

Dans une interview accordée à CNN, Paul Kagame affirme «ne pas savoir» si des troupes rwandaises sont présentes en RDC. Kinshasa accuse Kigali d’avoir déployé 10 000 soldats dans l’est de la RDC, alors que des pays voisins accusent le Rwanda de déstabiliser toute la région.

Le président rwandais Paul Kagame a déclaré à CNN qu'il ne savait pas si les troupes de son pays étaient présentes dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où les combats entre le groupe rebelle M23 et les forces armées congolaises (FARDC) ont fait «plus de 2 000 morts» et des milliers de blessés, selon les autorités de Kinshasa.

«Je ne sais pas», a-t-il laconiquement répondu lorsqu'on lui a demandé si les troupes rwandaises étaient en RDC. En revanche, Kagame a affirmé que le Rwanda était prêt à tout faire pour se protéger. «Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas. Mais si vous voulez me demander, y a-t-il un problème au Congo qui concerne le Rwanda et si le Rwanda ferait tout pour se protéger ? Je dirais à 100 %», a-t-il commenté.

Récemment, le porte-parole du gouvernement de la RDC Patrick Muyaya a affirmé que le Rwanda avait envoyé «jusqu’à 10 000 soldats» ces derniers jours à l'est de la République démocratique du Congo. En juillet 2024, une enquête de l’ONU faisait déjà état de «3 000 à 4 000 soldats rwandais» déployés à l’est de la RDC en soutien aux rebelles du M23.

Depuis le début de l’année, le M23 a lancé des opérations de grande envergure dans les régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, avec l’appui des forces armées du Rwanda. Cette offensive a permis aux rebelles, munis d'artillerie lourde, d’étendre de manière significative leur territoire par la prise de plusieurs villes en l’espace de quelques semaines, y compris la stratégique ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu.

Un risque d’escalade régionale

Face à cette escalade, la RDC a annoncé le 25 janvier la rupture de ses relations diplomatiques avec le Rwanda. Alors que le gouvernement de Kinshasa accuse régulièrement Kigali de soutenir militairement, logistiquement et financièrement les rebelles du M23, les dirigeants de plusieurs pays voisins, notamment de l’Afrique du Sud ou encore du Burundi, imputent au Rwanda la déstabilisation de la RDC et de toute la région. 

Une grande partie de la communauté internationale estime par ailleurs que Kigali soutient bel et bien ces rebelles. À plusieurs reprises, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a explicitement exigé le retrait des troupes rwandaises, mettant en garde contre une escalade qui pourrait «embraser toute la région».

Alors que l’armée de Kinshasa, appuyée par la mission de la Communauté de développement d'Afrique australe en RDC (SAMIDRC) et la Mission de l’ONU (Monusco), tente de contenir les rebelles, les efforts diplomatiques, tels que le processus de Luanda parrainé par l’Angola ou les récentes tentatives de médiation du Kenya, peinent à produire des résultats concrets face à l'absence de coopération du Rwanda.

La RDC est confrontée depuis plusieurs années à une guerre meurtrière provoquée par la rébellion du M23, actif au Nord-Kivu, dans l’est du pays. Le groupe armé a été créé en 2012 par des officiers entrés en rébellion contre le gouvernement.