Afrique

Est de la RDC : le Rwanda a envoyé «jusqu’à 10 000 soldats» en soutien aux rebelles, selon Kinshasa

Alors que les médias font état de l’avancée des rebelles du M23 sur la ligne de front à l’est de la RDC, le gouvernement de Kinshasa affirme que le Rwanda a déployé «jusqu’à 10 000 soldats» pour soutenir les rebelles. L’Afrique du Sud et le Burundi réitèrent, de leur côté, leur appui aux forces armées congolaises.

Le Rwanda a envoyé «jusqu’à 10 000 soldats» ces derniers jours à l'est de la République démocratique du Congo (RDC), selon le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya Katembwe. «Je voudrais vous rappeler qu’il ne s’agit plus du M23, mais comme vous le savez, ces derniers jours, l'armée rwandaise a envoyé jusqu'à 10 mille soldats sur notre territoire. Des missions spéciales des forces rwandaises ont été mobilisées dans la région du lac Kivu», a-t-il affirmé dans des déclarations à la presse.  

En juillet 2024, une enquête de l’ONU faisait déjà état de «3000 à 4000 soldats rwandais» déployés à l’est de la RDC en soutien aux rebelles du M23. À plusieurs reprises, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, a explicitement exigé le retrait des troupes rwandaises, mettant en garde contre une escalade qui pourrait «embraser toute la région». Alors que le gouvernement de Kinshasa accuse régulièrement le Rwanda de soutenir militairement les rebelles du M23, les dirigeants de plusieurs pays voisins imputent à Kigali la déstabilisation de la RDC et de toute la région.

Sur le terrain des affrontements, alors que la ville de Goma, dans la province du Nord-Kivu, est tombée aux mains du M23 et des forces armées rwandaises, des rapports de presse indiquent que le groupe rebelle et ses alliés se redéploient désormais sur la ligne de front de Lubero dans la même province. Auparavant, des informations relayées avaient fait état de la progression de la rébellion dans la province voisine du Sud-Kivu, notamment vers la cité minière de Nyabibwe et la capitale de cette région, Bukavu.

Le bilan humain des combats est difficile à estimer, selon le gouvernement de Kinshasa, le ministre de la Communication expliquant qu’il est impossible pour le moment de calculer des chiffres exacts au vu de l’afflux élevé des blessés et la saturation des capacités des hôpitaux. Le 1er février, le ministre de la Santé a indiqué qu’au moins 773 personnes avaient été tuées et 2 880 autres blessées lors des affrontements pour le contrôle de la ville de Goma, «en seulement quatre jours». «Il y a beaucoup de cadavres dans les rues, beaucoup de gens tués», s’était alarmé le 28 janvier depuis Goma le Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, Bruno Lemarquis.

L’Afrique du Sud et le Burundi réitèrent leur soutien à Kinshasa

Depuis le début de l’année, le M23 a lancé des opérations de grande envergure dans les régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, avec l’appui des forces armées du Rwanda. Cette offensive a permis aux rebelles, munis d'artillerie lourde et de systèmes de brouillage du GPS, d’étendre de manière significative leur territoire par la prise de plusieurs villes en l’espace de quelques semaines. Face à cette escalade, la RDC a annoncé, le 25 janvier la rupture de ses relations diplomatiques avec le Rwanda, alors que les dirigeants des pays voisins ont dénoncé «l’agression» rwandaise qui déstabilise toute la région.

«L’Afrique du Sud ne relâchera pas son soutien au peuple de la RDC afin qu’il puisse jouir de la paix et de la sécurité qu’il mérite», a déclaré ce 3 février le président sud-africain Cyril Ramaphosa, dont le pays est l’un des principaux fournisseurs de contingents de la Mission de la Communauté de développement d'Afrique australe en RDC (SAMIDRC), déployée dans l’est du pays aux côtés de la Mission de l’ONU (Monusco) et de l’armée régulière de Kinshasa (FARDC) pour lutter contre le M23 et l’armée rwandaise.

Ses déclarations interviennent sur fond de durcissement de ton ces derniers jours entre le Rwanda et l’Afrique du Sud, suite à un sommet virtuel de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), le 29 janvier, auquel le président de la RDC, Félix Tshisekedi, n'a pas participé. À cette occasion, le président rwandais, Paul Kagame, a accusé son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, de «tordre la réalité», voire même de «mentir».

Côté burundais, le président Évariste Ndayishimiye estime que ce conflit constitue une menace pour toute la région, non seulement pour son pays mais également pour le Kenya, l'Ouganda ou la Tanzanie. Le 31 janvier, il a même accusé le Rwanda de «préparer quelque chose contre le Burundi», en soulignant que son pays n'allait pas «se laisser faire». «Si le Rwanda continue à faire des conquêtes, la guerre risque d’être généralisée», a-t-il averti. Quelque 10 000 soldats burundais sont déployés en RDC dans le cadre de la SAMIDRC, selon les médias.

Alors que ces derniers tentent de contenir les rebelles, les efforts diplomatiques, tels que le processus de Luanda parrainé par l’Angola ou la récente tentative de médiation du Kenya, peinent à produire des résultats concrets face à l'absence de coopération du Rwanda. La RDC est confrontée depuis plusieurs années à une guerre meurtrière provoquée par la rébellion du M23, actif au Nord-Kivu, dans l’est du pays. Le groupe armé a été créé en 2012 par des officiers entrés en rébellion contre le gouvernement central.