«Nous avons atteint des niveaux de malnutrition sans précédent au cours de la dernière décennie, avec une malnutrition aiguë globale atteignant 30% et une malnutrition sévère à 11%, bien au-dessus du seuil d'alerte de 2% », a averti dans un communiqué Mamadou Diop, directeur du bureau pays d'Action contre la faim au Mali.
La famine en Afrique, aggravée par les conflits, le changement climatique et la pauvreté endémique, continue de toucher des millions de personnes. Ces crises alimentaires touchent en particulier les enfants et les populations vulnérables.
Au Mali, la hausse de la malnutrition infantile est en partie attribuable aux conflits accentués depuis 2012, selon un rapport publié par l'ONG Action contre la faim (ACF) le 20 août.
Les hostilités ont contraint de nombreuses familles à fuir leurs foyers, abandonnant ainsi leurs moyens de subsistance et exacerbant une situation alimentaire déjà précaire. Les déplacements forcés et l'instabilité, d’après la même étude, ont considérablement détérioré l'accès à la nourriture et aux soins essentiels, aggravant ainsi la malnutrition parmi les enfants les plus vulnérables.
Malnutrition sévère de 11%, bien au-dessus du seuil d'alerte de 2%
«L’urgence nutritionnelle au Mali est un problème complexe et multiforme qui nécessite une action concertée de la part de la communauté internationale», a fait savoir Mamadou Diop. «Nous avons une situation assez compliquée actuellement, principalement dans la région du Nord, donc Gao, Ménaka, et sur les sites aussi de Mopti, Kidal, Koro», a-t-il détaillé.
La malnutrition au Mali, selon lui, a atteint des niveaux critiques, marqués par une malnutrition aiguë globale de 30% et une malnutrition sévère de 11%, bien au-dessus du seuil d'alerte de 2%.
«À Gao, sur les sites des déplacés, les taux de malnutrition ont atteint des niveaux jamais vus au cours des dix dernières années», a précisé le responsable. «Cela signifie clairement qu'en raison du rapport poids-taille, les enfants souffrent aujourd'hui de graves carences en micronutriments et en vitamines», a-t-il ajouté.
«Si la malnutrition n'est pas rapidement traitée après sa détection, les enfants risquent de se retrouver dans une situation compliquée, pouvant même entraîner la mort», a encore précisé le directeur malien de l’ONG.
«Cette crise nécessite une réponse globale qui s’attaque à la fois aux besoins immédiats et structurels, y compris l’amélioration de la sécurité alimentaire, le renforcement des systèmes de santé, l’accès à l’eau et la promotion des pratiques d’hygiène et de nutrition», a-t-il soutenu.
Les dix pays comptant le plus grand nombre de personnes exposées à une malnutrition élevée sont la République démocratique du Congo (25,8 millions de personnes), le Nigeria (24,9 millions), le Soudan (20,3), l’Afghanistan (19,9), l’Éthiopie (19,7), le Yémen (18), la Syrie (12,9), le Bangladesh (11,9), le Pakistan (11,8) et le Myanmar (10,7), selon un rapport rendu public par l'ONU en avril dernier.