Afrique

Embuscade de Tin Zaouatine : après le Mali, le Niger rompt «avec effet immédiat» ses relations avec Kiev

Au lendemain de l’annonce par Bamako de la rupture de ses relations diplomatiques avec l'Ukraine, le porte-parole du GUR ayant reconnu l’implication de Kiev dans une embuscade meurtrière au nord du Mali, Niamey a annoncé le 6 août la rupture de ses relations avec ce pays ainsi que la saisine du Conseil de sécurité de l’ONU.

Niamey rompt «avec effet immédiat» ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, a annoncé le 6 août à la télévision publique le porte-parole du gouvernement nigérien, le colonel-major Amadou Abdramane. Celui-ci a fustigé les «propos inacceptables» d’Andriï Ioussov, porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien (GUR) et de Iouri Pivovarov, ambassadeur de Kiev au Sénégal, «apportant un soutien sans équivoque à la coalition de groupes terroristes auteur de l’attaque lâche et barbare perpétrée à Tin Zaouatine contre les forces armées maliennes».

«La République du Niger condamne fermement cet acte d’agression caractérisé, synonyme de soutien au terrorisme international et de violation flagrante de la charte des Nations unies et du droit international en général», a notamment déclaré le colonel-major Amadou Abdramane. Celui-ci à part ailleurs annoncé la saisine, par Niamey, du Conseil de sécurité des Nations unies «en vue de statuer sur l’agression ukrainienne et de ses sponsors».

Au lendemain de l’annonce par Wagner d’avoir subi des pertes dans des combats au nord du Mali, le porte-parole du GUR avait déclaré le 29 juillet à la télévision ukrainienne que ses agents avaient aidé les rebelles en leur fournissant «les informations nécessaires, et pas seulement celles qui ont permis une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes», jurant que «d’autres» étaient «à venir».

Une séquence relayée sur Facebook par l’ambassade d’Ukraine à Dakar. «Le travail se poursuivra, il y aura certainement d’autres résultats», avait commenté l’ambassadeur ukrainien. Un message qui lui a valu d’être convoqué par le ministère sénégalais des Affaires étrangères «où il lui a été rappelé les obligations de discrétion, de retenue et de non-ingérence qui doivent accompagner la gravité et la solennité de sa mission», a précisé le ministère dans un communiqué.

Dans son intervention télévisée, le porte-parole du gouvernement nigérien a regretté «le silence des États africains et de l’Union africaine en particulier face à la malveillante tentative de transformer le Sahel en théâtre de confrontation idéologique et stratégique de puissances étrangères». Le haut gradé a ajouté que le Niger interpellait «tous les pays épris de paix et de justice à dénoncer sans ambiguïté ces actions subversives qui menacent la stabilité du continent africain et risquent d’exacerber les souffrances des populations sahéliennes déjà durement meurtries».

Le 5 août, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), que le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont quittée fin janvier, a exprimé «sa ferme désapprobation et sa ferme condamnation de toute ingérence étrangère dans la région» suite à l’embuscade de Tin Zaouatine «pouvant constituer une menace à la paix et à la sécurité en Afrique de l’Ouest».