Le gouvernement malien a décidé la «rupture avec effet immédiat de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine», a déclaré son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maïga, le 4 août.
Le 27 juillet dernier, un groupe d’assaut des forces de sécurité maliennes, accompagnées de sous-traitants russes du groupe Wagner, a été pris en embuscade par des insurgés touaregs à proximité de Tinzaouten, près de la frontière avec l’Algérie.
L’exécutif malien s’est dit choqué par l’implication de Kiev dans «une attaque lâche, perfide et barbare», fustigeant un soutien «au terrorisme international, notamment au Mali».
Kiev se contredit
«La décision du gouvernement de transition de la République du Mali de rompre ses relations diplomatiques avec l'Ukraine est à courte vue et précipitée», a fustigé le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué, plus tard dans la journée.
«Il est regrettable que le gouvernement de transition de la République du Mali ait décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l'Ukraine sans procéder à un examen approfondi des faits et circonstances de l'incident survenu dans le nord du Mali», a-t-elle aussi fait valoir, contredisant les propos de ses propres services de renseignements.
Les actions de Kiev «violent la souveraineté du Mali»
En effet, le porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien (GUR), Andriï Ioussov, avait déclaré à la télévision ukrainienne le 29 juillet que ses agents avaient aidé les rebelles en leur fournissant «les informations nécessaires, et pas seulement celles qui ont permis une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes». Et celui-ci de jurer que «d’autres» étaient «à venir».
Une «agression flagrante» selon le gouvernement de transition malien, ajoutant que les actions de Kiev «violent la souveraineté du Mali», «dépassent le cadre de l’ingérence étrangère» et constituent une violation du droit international.
Le Sénégal tient à sa neutralité et convoque l'ambassadeur ukrainien
Les propos de Ioussov ont de surcroît été relayés sur Facebook par l’ambassade d'Ukraine au Sénégal, accompagnés d’un commentaire de l’ambassadeur Iouri Pivovarov : «il y aura certainement d’autres résultats», avant d’être supprimés.
Les nouvelles autorités sénégalaises ont indiqué le 3 août avoir convoqué l'ambassadeur d'Ukraine à Dakar : «constant dans sa position de neutralité constructive dans le conflit russo-ukrainien, le Sénégal ne peut tolérer une quelconque tentative de transférer sur son territoire la propagande médiatique en cours dans ce conflit», a déclaré la diplomatie sénégalaise.
Le Mali a quant à lui annoncé annoncé engager des poursuites judiciaires contre l’Ukraine, jugeant que les déclarations de Ioussov et Pivovarov constituaient «des actes de terrorisme et un appel au terrorisme.» Et d’ajouter qu’une «alerte formelle» sera lancée «aux instances régionales et internationales, ainsi qu'aux États soutenant l'Ukraine, indiquant que ce pays a ouvertement et publiquement affiché son soutien au terrorisme».
Dirigée par le colonel Assimi Goïta depuis 2022, le Mali a rompu son alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a réaffirmé cette semaine son soutien à Bamako, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue malien Abdoulaye Diop.