En Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara brigue un troisième mandat lors d'une élection sous tension

- Avec AFP

En Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara brigue un troisième mandat lors d'une élection sous tension© Luc GNAGO Source: Reuters
Des électeurs attendent l'ouverture d'un bureau de vote à Abidjan, le 31 octobre 2020.
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Les Ivoiriens votent lors d'une présidentielle sous tension, le chef d'Etat sortant Alassane Ouattara briguant un troisième mandat après une campagne émaillée de violences et boycottée par l'opposition, qui a toutefois maintenu ses candidats.

Ce 31 octobre, les quelque 7,5 millions d’électeurs ivoiriens (sur 25 millions d'habitants) ont le choix entre quatre candidats : le président sortant Alassane Ouattara, 78 ans, l'ancien président Henri Konan Bédié, 86 ans, chef du principal parti d'opposition, Pascal Affi N'Guessan, 67 ans, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, et l'outsider Kouadio Konan Bertin, 51 ans, indépendant. Les bureaux de vote doivent fermer à 18h et la commission électorale a cinq jours pour annoncer les résultats. 

Dans un contexte de boycott de la campagne par l’opposition, le taux de participation sera un des enjeux du scrutin. «Le processus était tendu et la peur a gagné la population. Ça peut affecter le taux de participation. Chacun a son opinion mais il faut s'exprimer. Les gens ne doivent pas mourir pour une élection», témoigne pour l'AFP Patrick Allou, dans un bureau de vote d'Abidjan.

La crainte d’une réédition de 2010

Comme en Guinée voisine, où la réélection du président Alpha Condé pour un troisième mandat a provoqué des troubles, l'opposition ivoirienne – qui a boycotté la campagne mais a maintenu ses candidats – juge un troisième mandat «anticonstitutionnel» et a appelé ses partisans à la «désobéissance civile».

L'élection en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, fait donc craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques djihadistes incessantes au Sahel, un putsch au Mali et une contestation politique chez le grand voisin nigérian.

Une trentaine de personnes sont mortes depuis le mois d'août lors de manifestations qui ont dégénéré, et quelque 35 000 membres des forces de l'ordre ont été déployés pour assurer la sécurité des bureaux de vote.

«Toutes les dispositions ont été prises afin de permettre le vote des populations […] dans la paix et la tranquillité», a affirmé le 30 octobre le ministre de la Sécurité Diomande Vagondo. «Il y aura forcément des incidents dans des zones de l’opposition», nuance toutefois une source sécuritaire citée par l'AFP.

Des individus ont bloqué le matin de l'élection la principale route du pays reliant Abidjan et le Nord, menant au Mali et au Burkina Faso, près de Djeneboua, à 350 km au nord d'Abidjan. 

Des milliers d'Ivoiriens ont donc quitté les grandes villes comme Abidjan ou Bouaké pour rentrer dans leurs villages avant le scrutin, car beaucoup craignent une crise majeure, dix ans après la crise post-électorale issue de la présidentielle de 2010. Celle-ci avait fait 3 000 morts, à la suite du refus de Laurent Gbagbo (qui était au pouvoir depuis 2000) de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara. La France était alors intervenue, avec l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU, afin de soutenir l'actuel chef de l'Etat contre l'ancien président Laurent Gbagbo. 

«Pas d’élection sans tension»

«Il n'y a pas de période électorale sans tension», a souligné Alassane Ouattara dans un entretien à l'AFP. «Pourquoi ça manquerait de légitimité ? J'aurais souhaité avoir Bédié et Affi N'Guessan pour les battre à nouveau», a ajouté le président, qui vise une victoire dès le premier tour en s’appuyant sur son bilan économique.

En outre, ce 31 octobre, le président sortant a appelé «ceux qui ont lancé un mot d'ordre de désobéissance civile qui a conduit à des morts d'hommes» à «arrêter», dans une déclaration faite à sa sortie de son bureau de vote à Abidjan. «Je dis aux jeunes de ne pas se laisser manipuler. Il s'agit de leur avenir», a-t-il également déclaré.

Deux poids lourds politiques vivant à l’étranger – l’ancien président Gbagbo, 75 ans, et l'ex-chef de la rébellion et ancien Premier ministre Guillaume Soro, 48 ans – ont été disqualifiés par le Conseil constitutionnel, au grand dam de leurs partisans.

Laurent Gbagbo est sorti le 29 octobre de neuf ans de silence médiatique pour appeler à un dialogue, sans lequel le pays court selon lui à la «catastrophe». Il a également affirmé comprendre et partager la colère : «Pourquoi veut-on faire un troisième mandat ?», s’est interrogé celui qui fut à la tête de l’Etat ivoirien de 2000 à 2011 et qui attend désormais en Belgique un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI) après avoir été acquitté en première instance.

Selon Rodrigue Koné, sociologue et analyste politique interrogé par RT France en ce jour d'élection, «Laurent Gbagbo pourrait jouer un rôle de premier plan dans l’apaisement des tensions».

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