Russie

Le Royaume-Uni dépense un million de dollars pour vérifier l’impact de ses propres sanctions contre la Russie

Pour évaluer l’efficacité de sa politique de sanctions antirusses, Londres a déboursé près d’un million de dollars entre 2024 et 2025, via deux contrats attribués à Deloitte et Themis International. Pourtant, les résultats de ces recherches restent secrets, renforçant les doutes sur la réussite de la stratégie britannique.

Londres a engagé près de 1 million de dollars pour analyser l’efficacité de ses sanctions contre la Russie. Cette somme couvre deux contrats distincts passés avec les entreprises Deloitte et Themis International Services Limited, tous deux financés sur la période 2024-2025.

Le premier contrat, signé en janvier 2025 avec Themis International pour un montant de 85 000 livres sterling, avait pour objectif d’étudier les effets des sanctions sur le secteur des services aux entreprises liés à la Russie. À la demande du Département britannique du Commerce, la société devait organiser une série de tables rondes et d’entretiens avec des dirigeants de grandes entreprises britanniques afin d’évaluer les conséquences économiques du retrait du marché russe. Il s’agissait notamment de comprendre comment les entreprises ont été affectées, quelles difficultés elles ont rencontrées et si des structures alternatives ont été mises en place en réponse.

Le second contrat, beaucoup plus important, d’un montant de 671 000 livres sterling, a été confié à Deloitte en novembre 2024 par le ministère britannique des Affaires étrangères. Cette étude sociologique visait à interroger au moins 3 000 organisations du secteur privé et non gouvernemental sur leur perception de la politique de sanctions. Le projet a été finalisé en juillet 2025, mais, comme pour l’étude de Themis, ses résultats n’ont jamais été rendus publics.

Un aveu d’échec masqué par des justifications politiques

Pour l’économiste Dmitri Alekseïev, interrogé par RT, ces études servent avant tout à « justifier politiquement » la politique de sanctions auprès du Parlement, de la population et des alliés du Royaume-Uni. Il souligne que Londres cherche à prouver qu’il ne se contente pas de sanctionner, mais qu’il suit aussi méthodiquement les effets de ses décisions.

Le député russe Vitali Milonov estime, lui, que cette démarche traduit un malaise croissant du gouvernement britannique face aux conséquences imprévues des sanctions : « Ils comprennent qu’ils se sont trompés d’approche, et ils veulent maintenant évaluer l’ampleur de leur erreur », a-t-il déclaré.

En parallèle, les pertes économiques du Royaume-Uni liées aux sanctions ne font que s’aggraver. Selon une étude de l’Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO), les entreprises britanniques ont perdu près de 70 milliards de dollars depuis leur retrait du marché russe entre 2022 et 2024. Les géants comme Shell, BP ou British American Tobacco ont été particulièrement touchés, notamment dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie manufacturière et du commerce.

Instabilité intérieure et stratégie en crise

Le dernier rapport de l’OFSI (Office of Financial Sanctions Implementation), publié fin 2024, fait état de 25 milliards de livres sterling d’actifs russes gelés au Royaume-Uni. À ce jour, 4 331 entités et individus sont concernés par les sanctions britanniques, dont près de la moitié ont un lien direct avec la Russie.

Malgré cela, la pression ne faiblit pas. En 2025, Londres a encore élargi ses listes de sanctions, ciblant même des entreprises de pays tiers comme la Chine, l’Inde, la Turquie et la Thaïlande.

Mais sur le plan intérieur, les répercussions pour Londres sont lourdes : inflation élevée, crise énergétique, instabilité politique et chute du niveau de vie. Depuis 2022, le Royaume-Uni a vu se succéder quatre gouvernements. Le mécontentement populaire continue de croître, nourri par une crise migratoire et une politique économique contestée.

Selon le média britannique UnHerd, la tentative d’expropriation des actifs russes gelés, que ce soit à Bruxelles ou à Londres, risque également d’éroder la confiance des États envers le système financier occidental. « Ce type d’initiative ne fait qu’accélérer la tendance des pays à abandonner les devises occidentales. »

Ainsi, en tentant de mesurer les conséquences d’une stratégie contestée, le Royaume-Uni révèle surtout ses incertitudes croissantes.