Lors d'une conférence de presse ayant suivi des pourparlers avec son homologue zimbabwéen Amon Murwira, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a insisté sur l'aspect émotionnel du discours d'Emmanuel Macron consacré au conflit en Ukraine : «Hier, dans sa longue et plutôt nerveuse allocution, Macron a déclaré, si j’ai bien compris, qu’il était impossible de laisser la guerre se terminer par la capitulation de l’Ukraine».
S’exprimant à la télévision le 5 mars, le chef d’État français a indiqué que la Russie était devenue une menace pour la France et l'Europe. En conséquence, il a appelé à une discussion sur l'utilisation des armes nucléaires françaises pour «protéger» l'ensemble de l'UE, constatant que les États-Unis avaient changé de position sur l'Ukraine et sur le rôle de leader de Washington au sein de l'OTAN.
Le chef de la diplomatie russe a réagi à ces propos, les qualifiant de menace contre la Russie. Il a dénoncé fermement ce qu'il perçoit comme une dangereuse rhétorique nucléaire : «S’il nous considère comme une menace, s’il convoque une réunion des chefs d’état-major des pays européens et de la Grande-Bretagne, s’il dit qu’il est nécessaire d’utiliser des armes nucléaires, s’il se prépare à recourir aux armes nucléaires contre la Russie, il s’agit bien sûr d’une menace».
Un discours manquant d'honnêteté
Sergueï Lavrov s’est montré particulièrement critique sur l’attitude ambiguë d’Emmanuel Macron face à la Russie, notamment en matière de sécurité européenne. Selon le ministre russe des Affaires étrangères, le président français manquerait de franchise, à la différence d’autres figures historiques ayant ouvertement manifesté leur hostilité à Moscou : «Contrairement à ses prédécesseurs, à savoir Napoléon et Hitler, qui voulaient également en découdre avec la Russie, Monsieur Macron n’agit pas très élégamment», a-t-il noté.
Il a précisé que si ces derniers affichaient ouvertement leurs intentions de conquérir et de vaincre la Russie, Macron, lui, poursuivait des objectifs similaires mais sous des prétextes différents: «Il veut la même chose, mais pour une raison quelconque, il dit qu’il est nécessaire de faire la guerre à la Russie pour qu’elle ne vainque pas la France, que la Russie est une menace pour la France et l’Europe».
Moscou alerte sur une implication militaire ouverte de l’OTAN
Le ministre russe des Affaires étrangères s’est également dit très inquiet d'une éventuelle implication directe de pays membres de l’OTAN dans le conflit contre la Russie. Il a catégoriquement rejeté une telle initiative, précisant qu’elle représenterait bien plus qu'une simple intervention indirecte ou hybride. Selon ses propres mots, «il s'agirait d'une participation directe, officielle, non dissimulée des pays de l’OTAN à la guerre contre la Fédération de Russie».
Une éventuelle implication directe de l'OTAN est inacceptable pour Moscou, a martelé le ministre de Affaires étrangères, la jugeant particulièrement préoccupante dans le contexte des récentes déclarations d'Emmanuel Macron.
Lavrov : Poutine est prêt au dialogue malgré les critiques infondées
Concernant les échanges directs entre les dirigeants de la Russie et de la France, le chef de la diplomatie russe a nuancé son propos. Sergueï Lavrov a rappelé que Macron évoquait régulièrement sa volonté de dialoguer directement avec Vladimir Poutine, et qu’il en avait tout à fait le droit, d'autant que le président russe s’est «constamment dit ouvert aux contacts avec tous ses homologues». Toutefois, le ministre russe des Affaires étrangères a fermement dénoncé «ces accusations insensées, disons-le franchement, comme quoi la Russie préparerait une guerre contre l’Europe et la France», rappelant à cet égard que Vladimir Poutine lui-même a qualifié à maintes reprises ces propos de «délirants et d’aberrants».