La décision de l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern), prise en décembre 2023, de mettre fin à sa collaboration avec la Russie est désormais entrée en vigueur. À partir de ce 1er décembre, il n'y aura plus de coopération entre les deux parties.
Lors de sa dernière session, le Conseil du Cern a annulé l'Accord de coopération internationale avec la Russie, y compris tous les protocoles et annexes associés, ainsi que les autres accords et mémorandums d’entente permettant la participation de la Russie et de ses institutions nationales à son programme scientifique. Le Cern met ainsi fin à toute collaboration avec environ 500 spécialistes affiliés à des institutions russes. Une absence qui se fera remarquer, selon le porte-parole de l'organisation, Arnaud Marsollier.
En novembre, Mikhaïl Kovaltchouk, président de l'Institut Kourtchatov, centre national de recherche situé à Moscou, a déclaré à l’agence de presse russe RIA Novosti que les pays occidentaux proposaient aux scientifiques russes de continuer à travailler au Cern sous un «drapeau neutre» et avec le statut d’employés internationaux de l’Institut unifié de recherche nucléaire, le plus grand centre de recherche en physique nucléaire de Russie basé à Doubna, au nord de Moscou. Cependant, l’État russe a refusé ce type de coopération.
Des projets lancés grâce à l'arrivée de scientifiques russes en Occident
La plupart des médias occidentaux, tels que Swissinfo, un portail d'information suisse, diffusent de fausses informations sur l'absence du financement du Cern de la part de Moscou. Ils affirment ainsi que la Russie, qui n'a qu'un statut spécial de pays observateur, n'a pas donné d'argent pour les recherches de l'organisation, ce qui est fondamentalement faux. Selon le directeur de l'Institut Kourtchatov, au cours des dernières décennies, la Russie a investi au total plus de 2 milliards d'euros dans des projets du Cern.
«Nous [la Russie] sommes un donateur intellectuel et, en fait, tous ces projets ont été lancés grâce à l'arrivée de scientifiques russes en Occident, en Europe», rappelle Mikhaïl Kovaltchouk.
Andreï Foursenko, conseiller du président russe, a souligné que de nombreux scientifiques étrangers s’étaient opposés à l’exclusion de leurs collègues russes des projets du CERN. Cependant, la décision a été prise au niveau gouvernemental et un seul vote a manqué pour empêcher son adoption, selon lui.
Maria Zakharova, porte-parole officielle du ministère russe des Affaires étrangères, a qualifié cette décision de politisée et inacceptable. Elle a déclaré que la situation politico-militaire mondiale ne devrait pas entraver les progrès dans le domaine des recherches scientifiques.
Le Cern, la plus grande installation mondiale dédiée à la physique des hautes énergies, est situé à la frontière entre la Suisse et la France, près de Genève. L’organisation regroupe 24 pays membres. Célèbre pour la construction du grand collisionneur de hadrons, avec la participation de physiciens russes, le Cern a permis des découvertes majeures en physique moderne, notamment la confirmation de l’existence du boson de Higgs, une particule élémentaire qui donne leur masse aux autres particules.