«Notre pays est pleinement préparé à défendre ses intérêts sur le plan militaire, politique et militaro-technique», a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lors d’un entretien diffusé le 19 septembre sur le site du ministère russe des Affaires étrangères où il a dénoncé l’intérêt de plus en plus prégnant de l’OTAN pour l’Arctique.
«L'Arctique n'est pas le territoire de l'Alliance de l'Atlantique Nord», a souligné le ministre russe, fustigeant une «volonté de mondialisation et de légitimation» du bloc militaire piloté par Washington «de s’affirmer non plus comme un Atlantique Nord, mais comme un gendarme mondial».
Le ministre russe a notamment rappelé que le Conseil de l’Arctique, qui réuni notamment la Russie et les États-Unis, avait adopté une déclaration commune soulignant la nécessité de préserver l'Arctique en tant que zone de stabilité et de coopération. «C'est déjà un exploit que de telles paroles soient prononcées dans le climat actuel», a souligné Sergueï Lavrov à cet égard.
Arctique : quand Washington veut contrer la Russie… et la Chine
L’intérêt de l’Alliance pour la région Arctique n’a eu de cesse de se renforcer au cours des dernières années, notamment sous couvert du conflit ukrainien. Dernier épisode en date, l’annonce par le général James Hecker, à la tête du commandement aérien de l’OTAN basé à la base aérienne de Ramstein en Allemagne, que l’Alliance se penchait sur la création d’un nouveau centre conjoint de contrôle des opérations aériennes… dans l’Arctique. Zone où le général américain a jugé «préoccupante» la présence de la Russie.
«Nous allons exploiter cette relation étroite entre les nations arctiques et les connaissances que vous apportez pour y parvenir», a-t-il déclaré le 17 septembre, lors d’une table ronde avec des représentants des forces aériennes suédoises et norvégiennes, à l’occasion de l’Air, Space & Cyber Conference de l’Air & Space Forces Association.
Hecker a assuré avoir l'approbation du général Chris Cavoli, chef du Commandement des forces des États-Unis en Europe (EUCOM), pour explorer cette idée, a relaté le magazine Defense One. «Cela ne signifie pas que c'est une affaire conclue», a notamment tempéré le gradé auprès de l’hebdomadaire américain, notant que cette proposition devait encore être soumise aux dirigeants de l'OTAN.
Cité par National Defense, un autre gradé américain, le lieutenant-général Case Cunningham, à la tête du commandement de l’Alaska, a pour sa part estimé que la «chose la plus inquiétante» concernant la Russie en Arctique était l’accès qu’elle pouvait y donner à la Chine.
En mars, l’OTAN avait mené de grandes manœuvres au-delà du cercle polaire arctique sur les territoires de la Norvège ainsi que de la Finlande – fraîchement intégrée à l’Alliance – et de la Suède qui, elle, n’était alors pas encore membre.