Russie

Visite de Péter Szijjártó en Russie : le bras de fer entre Budapest et Bruxelles se poursuit

Le ministre hongrois des Affaires étrangères a fait une visite surprise à Saint-Pétersbourg ce 30 août pour évoquer les questions énergétiques avec son partenaire russe dans un contexte de tensions entre Bruxelles et Budapest.

«Gazprom remplit ses obligations envers la Hongrie, les livraisons de gaz sont fiables.» De passage à Saint-Pétersbourg pour une visite qui n’était pas prévue dans son agenda, le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó s'est déclaré satisfait des relations énergétiques russo-hongroises. Un pied de nez à destination de la diplomatie européenne qui avait déplacé la veille une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne de Budapest à Bruxelles.

«Un accord mutuellement bénéfique auquel nous ne voulons en aucun cas renoncer»

De passage à Saint-Pétersbourg ce 30 août, le ministre hongrois a vanté les relations entre son pays et la Russie à l’occasion d’une réunion qui a duré près de trois heures avec Alexeï Miller, PDG du géant public russe de l'industrie gazière Gazprom.

Dans des propos rapportés par le média hongrois Magyar Hírlap, il a estimé que deux décisions «extrêmement importantes» avaient été prises ces dernières années dans le domaine de l'approvisionnement en gaz naturel pour son pays : la construction du gazoduc Turkish Stream, avec la coopération de partenaires russes, turcs, bulgares et serbes, et le contrat d’achat de gaz naturel à long terme de 15 ans avec Gazprom signé en 2021. Pour lui, «cet accord d'achat de gaz à long terme et cette route de livraison sûre vers le sud sont aujourd'hui la garantie que l'approvisionnement en gaz naturel de la Hongrie est continuellement garanti et stable, même dans un environnement géopolitique extrêmement difficile».

Le ministre hongrois a également tenu à rappeler que l'achat de gaz naturel à la Russie n'était «en aucun cas soumis à des mesures de sanctions», ajoutant vouloir garantir «l'approvisionnement énergétique de la Hongrie». Budapest n’acceptera «aucune restriction à ce sujet», a-t-il conclu.

Mission de paix, accords énergétiques, la Hongrie agace Bruxelles 

La veille de cette rencontre, la réunion entre les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne avait été relocalisée à Bruxelles alors qu’elle devait initialement se tenir à Budapest, la Hongrie assurant la présidence tournante de l'Union européenne. Une sanction infligée par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell fin juillet en réponse à la mission diplomatique lancée par Viktor Orban «pour la paix en Ukraine» qui l’avait mené à rencontrer Vladimir Poutine et Xi Jinping avant de s’entretenir avec l’ancien président américain Donald Trump.

Le 27 juillet, lors d'un discours prononcé à l'université d'été de Balvanyos en Roumanie, Viktor Orban a exprimé sa vision de l’Europe en évoquant le concept d'«autonomie stratégique», appelant au renforcement de l'industrie européenne de défense et invoquant la «préservation des souverainetés nationales» face à l'«oligarchie libérale» de Bruxelles. Ce 30 août, en début d’après-midi, le compte Instagram du gouvernement hongrois s’est fendu d’un message : «La psychose de guerre règne toujours à Bruxelles et le risque de propagation de la guerre augmente.»

Le déplacement du ministre hongrois se fait dans un contexte d’incertitude pour l’Europe alors que l’Ukraine a annoncé jeudi son intention de ne pas renouveler le contrat la liant jusqu'au 31 décembre 2024 à la Russie pour le transit de gaz russe vers l'Europe via son réseau étendu de gazoducs. Moscou déplore cette décision qui pourrait affecter une partie de l’ouest européen historiquement importateurs de gaz russe malgré leurs efforts pour s'en affranchir depuis l’opération militaire russe en Ukraine.