«Il n'y aura pas d'Église moscovite en Ukraine», s’est réjoui sur Telegram ce 20 août le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak. Selon les parlementaires ukrainiens, 265 députés ont voté dans la matinée en faveur de l’interdiction dans le pays de l’Église orthodoxe, le minimum requis étant de 226. Les élus partisans de l’interdiction ont qualifié l’Église orthodoxe canonique (UOC) d’être «une filière du pays agresseur».
«Il s'agit d'un acte illégal qui constitue une violation flagrante des notions fondamentales de liberté de conscience et de droits de l'homme», a réagi dans la foulée le porte-parolat du Patriarcat russe.
La loi entrera en vigueur dans 30 jours, et l’UOC aura neuf mois pour rompre ses liens avec l’Église orthodoxe russe. La diplomatie russe, par la voix de sa porte-parole Maria Zakharova, a dénoncé ce 20 août la «destruction de la véritable orthodoxie en Ukraine » et son «remplacement par une fausse église».
Persécutions à répétition
L'Église orthodoxe canonique était la plus populaire en Ukraine. Elle est visée depuis plusieurs années par une intense campagne de persécution des nationalistes ukrainiens. Invoquant ses liens avec la Russie, les autorités locales de diverses régions ont annoncé l'interdiction des activités de l'Église, imposant des sanctions ou des poursuites pénales à certains représentants du clergé. En outre, des perquisitions sont menées auprès des évêques et des prêtres, dans les églises et les monastères, à la recherche de preuves d'«activités anti-ukrainiennes».
Cette tendance s’est poursuivie avec la création en 2018 d'une Église orthodoxe ukrainienne «indépendante» de Moscou. Mais l’UOC compterait encore 9 000 paroisses, contre le même nombre pour l’Église dite «indépendante».
La procédure pourrait bien durer des années, l’interdiction de chaque paroisse devant être prononcée par un tribunal.