«C'est une position tout à fait compréhensible» : ce 4 juin, lors d’un point presse, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a réagi à la non-participation d’un certain nombre de pays à la conférence sur l’Ukraine organisée mi-juin en Suisse.
«Les pays ne veulent pas participer à un événement sans but», a-t-il ajouté. Le fait de se rendre à une conférence sur la paix en Ukraine sans la Russie est «une activité complètement absurde, un passe-temps tellement oiseux», a-t-il poursuivi. «C’est pourquoi, bien entendu, de nombreux pays ne veulent pas perdre de temps», a-t-il insisté.
Plus tôt dans la matinée, auprès de l’agence TASS, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Galouzine avait évoqué l’implication très personnelle du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de chancelleries occidentales afin d’enjoindre les dirigeants des pays de la Communauté des États indépendants (CEI) à se joindre à la conférence en Suisse sur l’Ukraine.
«L'artillerie lourde a été utilisée : Zelensky et ses "amis" occidentaux ont commencé à appeler personnellement et à supplier les dirigeants des États [de la CEI] de participer à ce "rassemblement"», a affirmé le diplomate. «Nous savons qu'aucun d'entre eux n'a succombé à une telle persuasion», a-t-il ajouté. «Il s’agit d’une tentative de constituer à la hâte une coalition antirusse et de présenter un ultimatum à la Russie, pour créer l’apparence d’un soutien mondial à la "formule Zelensky"», a-t-il poursuivi.
Bürgenstock, un rendez-vous moins international qu’espéré par Kiev
Les déclarations de ce diplomate russe surviennent notamment en pleine passe d’armes entre Kiev et Pékin, le président ukrainien ayant accusé le 2 juin les autorités chinoises d’exercer des pressions sur certains pays conviés à prendre part au prochain sommet sur l’Ukraine en Suisse. «La Chine s'efforce aujourd'hui d'empêcher des pays de venir au Sommet de la paix», a ainsi déclaré Volodymyr Zelensky depuis un forum sur la sécurité à Singapour, ajoutant que la Chine était devenue «un outil entre les mains de Poutine».
Des accusations balayées par la diplomatie chinoise, rappelant que la position de la Chine était «ouverte et transparente». La Chine a indiqué qu’elle ne se rendrait pas au forum helvète, jugeant «difficile» de participer à une conférence sur la paix en Ukraine sans que la Russie n’y soit conviée.
L'Arabie saoudite, l'Inde et le Brésil manqueront à l'appel
Le même jour, l'agence de presse allemande DPA, citant des sources diplomatiques, révélait que l’Arabie saoudite ne participerait pas au sommet.
Toujours le 3 juin, le Hindustan Times, citant plusieurs sources, révélait que ni le Premier ministre indien ni son chef de la diplomatie ne feraient le déplacement en Suisse. Des absences qui s’ajoutent, notamment, à celle du président brésilien.
Pire pour Kiev : le 3 juin, la porte-parole de la vice-présidente américaine Kamala Harris annonçait que cette dernière représenterait les États-Unis lors de cette conférence, écartant dès lors une venue du président Joe Biden, et ce, alors que Volodymyr Zelensky l’avait exhorté, le 26 mai, à participer.
Début avril, le gouvernement suisse avait annoncé son intention d’organiser mi-juin une conférence sur l’Ukraine à Bürgenstock, près de Lucerne, sans toutefois y convier la Russie. Un rendez-vous que la diplomatie russe a qualifié de «voie sans issue», accusant le président ukrainien de continuer à vouloir imposer sa «formule» de la paix, comportant des exigences synonymes de capitulation totale pour Moscou et ne suivant guère les réalités du terrain.
Ce rendez-vous autour de l’Ukraine est le cinquième, un an après celui qui s’était tenu à Copenhague, suivi de ceux de Djeddah et Malte (respectivement en août et octobre 2023), et enfin Davos en janvier 2024.