«Utiliser la politique de la force n'est pas le style de la diplomatie chinoise, la position de la Chine est ouverte et transparente, et en aucun cas nous ne faisons pression sur d'autres pays», a déclaré ce 3 juin à la presse Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Celle-ci réagissait aux accusations formulées la veille par le président ukrainien, qui s'exprimait en marge d'un forum sur la sécurité à Singapour. Volodymyr Zelensky a en effet reproché à Pékin de vouloir «empêcher» des pays de participer au Sommet de paix sur l'Ukraine, prévu les 15 et 16 juin en Suisse, ajoutant même que la Chine était devenue «un outil entre les mains de Poutine». «Malheureusement, la Russie utilise l'influence chinoise dans la région, par l'intermédiaire des diplomates chinois, et fait tout son possible pour que le sommet n'ait pas lieu», a encore déclaré le dirigeant ukrainien.
Pékin avait estimé le 31 mai dernier qu’il lui serait « difficile » de participer à ce sommet si la Russie n'y était pas conviée. « La Chine a souligné à plusieurs reprises que la conférence de paix devait être reconnue à la fois par la Russie et l'Ukraine, que toutes les parties devaient y participer sur un pied d'égalité et que tous les plans de paix devaient faire l'objet d'une discussion équitable », a réitéré Mao Ning ce 3 juin.
Même si certains pays décident de participer à la conférence, cela ne veut pas forcément dire qu'ils espèrent un cessez-le-feu et la fin des combats. Le plus important c'est l'action concrète.
«Ne pas participer à la conférence ne veut pas dire que l'on ne soutient pas la paix», a souligné la porte-parole chinoise ce 3 juin. Et «même si certains pays décident de participer à la conférence, cela ne veut pas forcément dire qu'ils espèrent un cessez-le-feu et la fin des combats. Le plus important c'est l'action concrète».«La Chine espère sincèrement que cette conférence de paix ne deviendra pas une plateforme pour créer de la confrontation entre camps», a-t-elle ajouté.
Le sommet en Suisse est «une perte de temps», selon le Kremlin
«La Chine disait dès le début que la tenue de tels sommets sans participation de la Russie n'avait absolument aucun avenir», avait réagi le 1er juin le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. «Chercher des issues au conflit ukrainien sans participation de la Russie est tout à fait illogique, sans perspective et ne constitue pratiquement rien d'autre qu'une perte de temps», a-t-il dénoncé.
Au début du mois de mai, alors en visite à Paris, le président chinois Xi Jinping avait insisté sur «l’organisation d’une conférence internationale de paix reconnue par la Russie et l’Ukraine, réunissant toutes les parties sur un pied d’égalité et permettant une discussion équitable».
Moscou salue le souhait de stabilité de Pékin
Depuis février 2023, la Chine a en effet proposé un document en 12 points afin de mettre un terme au conflit, appelant au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays mais aussi à prendre en considération les exigences de sécurité russes. «Les idées et les propositions contenues dans le document montrent le souhait sincère de nos amis chinois d'aider à stabiliser la situation», a fait valoir Vladimir Poutine à Pékin le 16 mai dernier.
Or, Volodymyr Zelensky promeut une «formule de paix» en dix points depuis novembre 2022. Celle-ci comporte notamment la réaffirmation des frontières de l'Ukraine datant de 1991, le retrait total des troupes russes, l'instauration d'un tribunal pénal international pour juger les «crimes de guerre russes» et une déclaration de la fin de la guerre.
Des exigences inconcevables selon Moscou, celles-ci étant synonymes de capitulation totale et ne suivant guère les réalités du terrain. «Le sens de cette rencontre est clair : rassembler autant de pays que possible, puis déclarer que tout est convenu, ensuite présenter cela à la Russie comme une question déjà résolue, comme un ultimatum», avait dénoncé le 17 mai, depuis la ville de Harbin dans le nord-est de la Chine, Vladimir Poutine, réitérant que la Russie demeurait prête à engager des négociations dès lors que celles-ci tiendraient compte des réalités du terrain.