«Tout est confus», a taclé sur Telegram la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova, le 29 avril au soir, quelques heures après des propos du secrétaire d’État américain Antony Blinken sur l’ouverture potentielle de négociations avec Moscou.
«À la minute où les Russes montreront une véritable volonté de négocier, nous serons là, et les Ukrainiens je pense seront là», a déclaré ce dernier au Forum économique mondial qui se tient à Riyad en Arabie saoudite.
«Remettons les choses en ordre»
«Remettons les choses en ordre», a rétorqué la diplomate russe. Avant d’accuser : «Blinken a apparemment oublié que ce sont les États-Unis qui ont forcé Zelensky à interdire à l’Ukraine de négocier avec la Russie.» Le dirigeant ukrainien a en effet signé un décret en octobre 2022 interdisant toute négociation avec Moscou tant que Vladimir Poutine serait au pouvoir.
«Moscou a également confirmé sa volonté de répondre de manière constructive à la proposition de négociations dès 2022», a encore poursuivi Maria Zakharova, rappelant que des pourparlers s’étaient tenus à Istanbul en mars de cette année, un mois après le début du conflit.
Évoquant ces négociations dans une interview accordée en novembre 2023 à la chaîne ukrainienne 1+1, le député et chef de la délégation ukrainienne aux négociations David Arakhamia avait confié que l'Ukraine envisageait d'accepter l'exigence de neutralité à l'égard de l'OTAN de Moscou, mais qu'elle en avait été dissuadée par le Premier ministre britannique de l'époque Boris Johnson.
À cela s’ajoute selon Maria Zakharova le refus continuel de l’Occident de garantir les accords de paix dans le Donbass depuis 2014, provoquant ainsi l’escalade en Ukraine : «[Blinken] ne veut pas non plus rappeler que ce sont les alliés des États-Unis, la France et l'Allemagne, membres du format Normandie, qui ont délibérément ignoré la solution juridique internationale à la crise ukrainienne. Merkel et Hollande l’ont avoué.»
La «formule Zelensky» est irréaliste, selon Moscou
Au printemps 2023, l’ancien président français, piégé par les humoristes russes Vovan et Lexus, avait confié avoir voulu, avec Angela Merkel, utiliser les accords de Minsk dont la France et l’Allemagne devaient être les garants, non pour assurer la paix mais pour accorder plus de temps à Kiev pour préparer son armée face à la Russie.
Le Kremlin a fait valoir à plusieurs reprises qu'il n'avait jamais refusé les négociations. Mais la «formule Zelensky», présentée par Kiev à l’été 2023, comporte notamment la réaffirmation des frontières de l'Ukraine datant de 1991, le retrait total des troupes russes, l'instauration d'un tribunal pénal international pour juger des «crimes de guerre russes», incluant des réparations, et la déclaration de la fin de la guerre. Des exigences inconcevables selon Moscou, celles-ci étant synonyme de capitulation totale. Il est nécessaire de tenir compte des «nouvelles réalités» et des exigences sécuritaires de la Russie, estime ainsi le Kremlin.