C’était indéniablement la pièce la plus attendue de l’exposition : un Leopard II, fleuron de l’industrie militaro-industrielle allemande, est arrivé place de la Victoire à Moscou dans la nuit du 27 avril.
Il a rejoint une trentaine d’autres blindés capturés par les troupes russes sur le front, dont un Bradley américain et un AMX français.
Berlin avait livré 18 blindés Leopard 2A6 à Kiev en mars 2023, après de longues hésitations. Depuis, selon Opex 360, une centaine de ces chars lourds auraient été remis à l’Ukraine par une dizaine de pays alliés (dont la Pologne, la Finlande, la Suède, le Canada et le Portugal). Selon Oryx, 14 d’entre eux auraient été détruits et 22 autres détruits ou abandonnés au 22 mars.
Selon RIA Novosti, cet exemplaire de Leopard a été livré par les mécaniciens de l’armée russe au mois d’avril, après avoir été capturé dans la région d’Avdeïevka, dans le Donbass. Mais sa réputation avait déjà été écornée dès le 7 juin, les forces ukrainiennes ayant perdu des dizaines de blindés dans la région de Zaporojié lors de leur tentative de contre-offensive. Les images des épaves calcinées avaient alors fait le tour des réseaux sociaux, alors que ces blindés occidentaux devaient permettre une percée ukrainienne.
Les Abrams américains trop fragiles face aux drones russes
Une humiliation que Washington voudrait sans doute épargner à son char Abrams. Le 26 avril, AP rapportait, citant «deux responsables militaires américains», que Kiev avait «pour l’instant mis de côté les chars de combat Abrams M1A1 fournis par les États-Unis», les drones russes ayant rendu «trop difficile leur fonctionnement sans être détectés».
31 Abrams avaient été envoyés à l’armée ukrainienne en janvier 2023, après une intense campagne de lobbying de Volodymyr Zelensky qui les jugeaient tout aussi essentiels pour percer le front. Equipé d’un canon de 120 mm, ce char est en dotation dans l’armée américaine depuis le milieu des années 1980. Néanmoins, les États-Unis n’ont pas envoyé les plus récentes versions du M1, craignant que les technologies qui les équipent tombent aux mains des Russes.
Ceux-ci n’ont pas été engagés lors de l’échec de la contre-offensive de l’été 2023, et n’ont été repérés sur le front qu’au début de l’année 2024. L’armée russe a dans les premières semaines de l'année, revendiqué en avoir éliminé cinq, diffusant plusieurs vidéos de leur neutralisation par des drones ou des tirs à bout portant. Un chiffre confirmé le 20 avril dernier par le New York Times, citant un officiel américain sous couvert d’anonymat.
«Ils brûleront aussi», avait prévenu en septembre 2023 le Kremlin, qui estime qu’aucune livraison occidentale ne peut changer l’issue du conflit.