Un Marder, un Bradley ou encore un Leopard 2, tous capturés par l’armée russe sur le front, compteront parmi les équipements occidentaux bientôt exposés à Moscou. Cette exposition, qui aura lieu au parc de la Victoire, dans l’ouest de la capitale russe, ouvrira ses portes le 1er mai pour une durée d’un mois, a annoncé ce 24 avril le ministère russe de la Défense. Les premiers véhicules ont déjà été installés ce matin, a rapporté l’agence RIA Novosti.
«Plus de 30 échantillons d'équipement militaire produits par 12 pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France, la Turquie, la Suède, la Tchécoslovaquie, l'Afrique du Sud, la Finlande, l'Australie, l'Autriche et l'Ukraine» seront exposés, a précisé le ministère russe. Les visiteurs «pourront se familiariser avec le char Leopard 2 et le véhicule de combat d'infanterie Marder de fabrication allemande, le véhicule de combat d'infanterie américain Bradley, le véhicule de combat d'infanterie suédois CV90, le véhicule blindé de combat français AMX-10RC et bien d'autres», ajoute le communiqué.
Le char Leopard 2, vedette de l’exposition ?
Ce n’est pas la première fois que des armements occidentaux, capturés par l’armée russe, sont exposés à Moscou. Mi-août, en marge du forum militaro-technique «Armée 2023», un char français AMX-10 RC, des blindés britanniques Husky et Mastiff ainsi que des drones turcs Bayraktar et même un missile Scalp de fabrication française avaient été exposés dans le parc Patriote. Toutefois, le char lourd allemand Leopard manquait à l’appel.
Mi-mars, le quotidien allemand Bild rapportait qu’un char Leopard 2A6 avait été capturé par les forces russes. Un blindé capturé dans le secteur d’Avdeïevka, ville forteresse aux portes de Donetsk prise un mois plus tôt par l’armée russe.
Régulièrement, la Défense russe annonce cibler des équipements lourds occidentaux. En tête de ces pièces dont la destruction est médiatisée : l’Abrams américain, suivi du Leopard allemand. Jusqu’au feu vert de leur livraison, donné fin janvier 2023 par Washington et Berlin, ces deux modèles de chars de combat avaient été particulièrement réclamés par Kiev. Vladimir Poutine avait quant à lui balayé la menace, prévenant qu'ils seraient «brûlés» sur le front.
Au moins 20% des Abrams américains détruits
Ces livraisons par les alliés de Kiev de chars d'assaut de fabrication occidentale avaient été inaugurées par la France, premier pays à avoir franchi la «ligne rouge» de la livraison de telles armes à l’Ukraine en annonçant début janvier 2023 la fourniture aux forces ukrainiennes de chars légers AMX-10 RC. Des engins qui ont d'ailleurs ensuite été critiqués par les troupes ukrainiennes, en raison de leur faible blindage.
Berlin et Washington ont ensuite annoncé respectivement la fourniture de véhicules de combats d’infanterie Marder et Bradley. Fustigeant «une implication directe dans le conflit» des pays fournissant de tels armements à l’Ukraine, la présidence russe avait déclaré que ces équipements ne changeraient pas la donne sur le champ de bataille.
Fin 2023, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou avait revendiqué la destruction de 37 chars Leopard, tous modèles confondus, au cours de la contre-offensive ukrainienne lancée début juin de la même année. Les pertes sont moins élevées du côté du char de combat américain, livré qu’à l’automne 2023 et longtemps gardé en retrait de la ligne de front. Les images de la destruction du premier d’entre eux ont été diffusées fin février 2024. Selon un article du New York Times paru le 20 avril, citant un haut responsable américain, l’armée russe aurait détruit 5 des 31 M1 Abrams envoyés à l’Ukraine par le Pentagone.