«Nous considérons cette démarche comme une provocation pure et simple» a fait savoir l’ambassade russe en Allemagne ce 18 avril, réagissant à l’arrestation à Bayreuth, en Bavière, de deux hommes de nationalités russe et allemande, accusés d'avoir effectué des repérages pour des cibles potentielles en vue d'attaques, dont des «installations des forces armées américaines» stationnées sur le sol allemand.
Une provocation qui, toujours selon la diplomatie russe, vise «à inciter à la folie de l'espionnage déjà endémique en Allemagne, à accroître le degré de sentiment anti-russe, à détruire davantage les relations russo-allemandes, à justifier l'orientation des autorités allemandes vers une militarisation effrénée et à gonfler l'Ukraine avec des armes et du matériel militaire».
Le principal accusé, Dieter S., âgé de 39 ans selon Der Spiegel, aurait échangé des informations avec une personne liée aux services de renseignement russes depuis octobre 2023 en vue d'éventuels actes de sabotage sur le territoire allemand. Toujours selon le journal allemand, le vaste camp d’entraînement de Grafenwöhr, où des soldats ukrainiens sont formés à l'utilisation de chars américains de combat Abrams, mais aussi des convois de la Bundeswehr, auraient été la cible potentielle des deux hommes.
Un «cas particulièrement grave» d'espionnage, selon le parquet allemand
Le parquet allemand accuse les deux hommes «d'avoir été actifs pour un service de renseignement étranger», qualifiant l’affaire de «cas particulièrement grave» d'espionnage. Dieter S. est également accusé d'avoir appartenu à une «organisation terroriste», les procureurs l’accusant d'avoir combattu au sein d'une milice de la République populaire de Donetsk entre 2014 et 2016.
La ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser a félicité les services allemands, qui auraient ainsi «empêché de possibles attentats à l'explosif qui devaient frapper et saper notre aide militaire à l'Ukraine», et fustigeant au passage le «régime criminel de Poutine».
Détourner l'attention du scandale des frappes contre la Russie ?
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a fait convoquer l'ambassadeur russe à Berlin. Il lui a été signifié que le gouvernement ne permettrait pas à Vladimir Poutine «d'apporter sa terreur en Allemagne», a-t-elle indiqué sur son compte X (ex-Twitter).
«Toute action hostile à l'égard de la Russie ne resterait pas sans conséquences», a prévenu l’ambassade. Et d'ajouter : «Nous y voyons une volonté à peine déguisée de détourner l'attention du public allemand du scandale retentissant des négociations des hauts représentants de la Bundeswehr sur la possibilité de frapper les infrastructures civiles russes, divulguées dans la sphère publique.»
En mars dernier, la révélation par Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT, d'une discussion entre des officiers supérieurs allemands sur une attaque du pont de Crimée avec des missiles Taurus avait plongé Berlin dans l'embarras.