«Le fait qu'il s'agisse d'une route qui ne mène nulle part, c'est un euphémisme, est évident pour tout observateur politique normal» a déclaré ce 12 avril à Minsk Sergueï Lavrov, au sujet d'une conférence de paix pour l’Ukraine, prévue du 15 au 17 juin en Suisse.
«Au lieu d’un dialogue direct sans aucun ultimatum, l’Occident impose ce qu’on appelle le processus de Copenhague et prépare une conférence en Suisse au cours de laquelle – comme il est explicitement indiqué – ils veulent formuler et rappeler ces fameux dix points de la formule de paix de Zelensky pour ensuite les présenter à la Russie», a poursuivi le chef de la diplomatie russe.
Celui-ci était interrogé par une journaliste sur les échanges de la veille entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko, concernant une éventuelle reprise de pourparlers de paix entre l’Ukraine et la Russie. Lors de cette rencontre au Kremlin, au soir du 11 avril, Vladimir Poutine avait évoqué cette réunion prévue en Suisse.
«Je ne vois pas très bien ce qui peut se faire là-bas sans nous», avait déclaré le président russe, dénonçant une «volonté de nous imposer des schémas qui n’ont absolument rien à voir avec la réalité du terrain».
Un projet «des démocrates américains» fustige la diplomatie russe
Lors de l’annonce, le 10 avril, de la tenue de cette conférence à la mi-juin près de Lucerne la présidente suisse Viola Amherd avait déclaré aux journalistes qu’il n’y aurait pas de plan de paix signé lors de cette rencontre, tout en ajoutant espérer «commencer» le «processus» vers une paix en Ukraine.
Présent à ses côtés, Ignazio Cassis, le chef de la diplomatie suisse avait quant à lui déclaré que les Russes n’avaient «pas prévu de venir», ajoutant qu'«un processus de paix ne pourra pas se faire sans la Russie, même si elle ne sera pas là lors de la première rencontre». «Il nous faudra d'une manière ou d'une autre trouver un chemin pour inclure la Russie. Il n'y aura pas de paix sans que la Russie ait son mot à dire», avait déclaré Cassis en janvier à Davos, lors de discussions sur la base des propositions en 10 points de Volodymyr Zelensky.
«Derrière tout cela se trouvent les démocrates américains qui veulent des photos et des vidéos d'un tel événement pour signifier que leur projet "Ukraine" reste d'actualité», avait taclé le 10 avril la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dans la foulée des annonces du gouvernement suisse.
Dès le mois d’août 2023 et les premiers travaux entourant le plan de paix de Volodymyr Zelensky, Moscou a prévenu qu'une paix dictée par Kiev serait inconcevable. Si elle se dit ouverte aux négociations, la Russie estime qu’un tel plan est inacceptable, tant il méprise les réalités du terrain, mais aussi les intérêts de la Russie et ceux de millions de russophones vivant sur le sol ukrainien.