Ce 8 avril, le ministère russe des Affaires étrangères a jugé dans un communiqué «particulièrement cynique» «l'instruction de ne pas couvrir dans les médias [occidentaux] l'ampleur réelle de la tragédie» de l'attentat de Moscou.
La diplomatie russe estime que les médias et les responsables responsables des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, immédiatement après l’attentat, ont «organisé une campagne de relations publiques» afin de «nier l'implication des services spéciaux ukrainiens», «sans attendre les résultats préliminaires de l’enquête».
Cette campagne visait ainsi à «détourner l'attention de la communauté mondiale des véritables organisateurs et bénéficiaires», conduisant à «ne pas évoquer le nombre de victimes de l'attentat terroriste, ou le nombre d'enfants morts, et d’écarter la réaction des citoyens ordinaires à ce qui s’est passé».
Théories du complot et absence d'empathie
Encore selon la diplomatie russe, les médias ont été chargés de «consolider dans l’espace d’information leur propre version des événements». Ainsi ont-ils «reproduit la version selon laquelle c’est l’État islamique qui aurait organisé l’attentat, niant les liens des islamistes avec Kiev et les services de renseignement occidentaux, discréditant les résultats de l’enquête et promouvant des théories du complot avec une implication des services de renseignements russes».
Le ministère russe des Affaires étrangères regrette de surcroît que les «marques de sympathie et d’humanisme envers le peuple russe» aient été jugées inadmissibles sur les plateaux, toujours dans les médias occidentaux. «La plupart des pays au monde ont réagi de manière naturelle aux événements, adressant des messages de soutien et leurs condoléances à la Russie et au peuple russe», ajoute-t-il néanmoins.
Le 22 mars au soir, des hommes armés ont ouvert le feu dans la salle de concert du Crocus City Hall, située à Krasnogorsk en proche banlieue de Moscou, avant de mettre le feu à la salle. En tout, 144 personnes sont mortes et 551 autres ont été blessées, selon le dernier bilan du ministère russe des Situations d'urgence.
Un lien avec l'Ukraine selon le Comité d'enquête
11 accusés ont été arrêtés dans cette affaire, dont quatre citoyens du Tadjikistan qui, selon la commission d'enquête, sont les auteurs directs de l'attaque terroriste. En outre, le 1er avril, quatre étrangers ont été arrêtés au Daghestan pour avoir participé au financement des criminels qui ont attaqué la salle du Crocus et leur avoir fourni des armes. Le 4 avril, trois autres ressortissants centrasiatiques soupçonnés d'être impliqués dans l’attentat ont été arrêtés à Moscou, Ekaterinbourg et Omsk.
Le groupe État islamique au Khorassan (EI-K) a revendiqué l'attentat. Le 28 mars, le Comité d'enquête avait indiqué que les auteurs de l'attaque avaient reçu de l'argent venu d'Ukraine et le 5 avril, des photos pro-ukrainiennes ont été découvertes sur les téléphones des terroristes. Kiev, de son côté, nie toute implication.
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev et le directeur du FSB Alexandre Bortnikov avaient affirmé dès le 26 mars que l’Ukraine pourrait être impliquée dans l’attaque. Ces affirmations vont dans le même sens que les propos tenus la veille par Vladimir Poutine, qui avait déclaré que l'attentat avait été commis par «des islamistes radicaux», tout en déclarant s’intéresser aux «commanditaires».