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Gaza : Israël dénonce un rapport de l'ONU mettant en garde contre le risque de famine

Israël a dénoncé ce 29 mars un rapport des Nations unies mettant en garde contre une famine imminente à Gaza, en affirmant que l'évaluation contenait des inexactitudes, des sources douteuses et des lacunes.

Israël «reconnaît les conséquences malheureuses de la guerre sur la population civile de Gaza», a déclaré ce 29 mars l'organe du ministère israélien de la Défense qui coordonne les activités civiles de l'armée dans les territoires palestiniens (Cogat). Mais Israël ne s'occupe pas de la distribution de nourriture à Gaza, a-t-il ajouté, accusant des agences de l'ONU d'être incapables de gérer la quantité d'aide qui y arrive chaque jour.

«A tout moment, des centaines de camions sont bloqués du côté gazaoui au point de passage de Kerem Shalom après avoir été entièrement traités par les autorités israéliennes», ajoute le Cogat.

Selon un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié le 18 mars, sur lequel se base l’ONU, un habitant sur deux dans l'enclave palestinienne connaît une situation alimentaire catastrophique, en particulier dans le nord de la bande de Gaza menacé de famine, des conclusions qui ont suscité l'inquiétude de la communauté internationale.

Les relations sont tendues entre certaines agences onusiennes et Israël, notamment l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui a signalé la semaine dernière qu'Israël lui avait définitivement interdit d'effectuer des livraisons d'aide dans le nord de la bande de Gaza.

Les bilans humains du Hamas pointés du doigt par Israël

Le Cogat a également remis en question l'exactitude d'une ligne du rapport selon laquelle une moyenne quotidienne de 500 camions, dont 150 transportant de la nourriture, arrivaient à Gaza avant le début de la guerre le 7 octobre, contre 60 camions de nourriture après. «Avant la guerre, seuls 70 camions par jour en moyenne transportaient de la nourriture», a écrit le Cogat, sans fournir de source.

Israël a également critiqué le fait que l'évaluation de l'IPC citait le nombre de victimes rapporté par le ministère de la Santé du Hamas, affirmant que les membres de l'organisation classée «terroriste» par Israël avaient un «intérêt stratégique» à donner des informations trompeuses.

En outre, estime le Cogat, le rapport contient de nombreuses erreurs factuelles, tels le recours à des sources problématiques et l'exclusion d'informations importantes. Nombre de recommandations du rapport suggèrent des mesures qu'Israël a déjà prises pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire vers la bande de Gaza, affirme encore le Cogat.

L'ONU dénonce une situation «catastrophique» à Gaza

Plus de 1,1 million de Gazaouis sont confrontés à «une situation de faim catastrophique», proche de la famine, «le nombre le plus élevé jamais enregistré» par l'ONU, avaient alertés le 18 mars les agences spécialisées onusiennes, dans la foulée de la publication de ce rapport.  «La communauté internationale devrait avoir honte de ne pas réussir à stopper» la famine imminente, s'était indigné sur X le responsable des Affaires humanitaires des Nations Unies, Martin Griffiths.

Dans le précédent rapport IPC, publié en décembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) considéraient la famine comme «probable» d'ici la fin mai dans le nord de la bande de Gaza.

«Sans changements dans l'accès à l'aide humanitaire, la famine arrive» dans le nord, avait déclaré à l’AFP le 19 mars la directrice générale adjointe de la FAO, Beth Bechdol, «Il est possible qu'elle sévisse déjà dans le nord, mais nous n'avons toujours pas été en mesure de le vérifier», faute d'accès aux territoires concernés. Les critères de l'IPC pour déclarer une famine ne sont pas techniquement remplis mais d'ores et déjà «des habitants de Gaza meurent de faim», s’était alarmée la directrice exécutive du PAM, Cindy McCain, dans un communiqué.