«Le pays entier est en deuil avec ceux qui ont perdu leurs proches dans cette tragédie inhumaine», a lancé dimanche matin la chaîne de télévision publique russe Rossia 24.
Elle a diffusé les images d'un immense panneau numérique installé sur les murs de la salle de concert attaquée: une bougie sur un fond noir et l'inscription «Crocus City Hall. 22/03/2024. Nous sommes en deuil...».
Des individus ont fait irruption vendredi 22 au soir dans la salle Crocus City Hall, avant d'ouvrir le feu à l'arme automatique sur la foule et d'allumer un incendie avec un liquide inflammable selon les enquêteurs, tuant au moins 137 personnes.
Dénonçant un acte «terroriste barbare», Vladimir Poutine a, dans son allocution télévisée samedi, promis de châtier les coupables. Le président russe a annoncé que «les quatre auteurs» de l'attentat avaient été arrêtés «alors qu'ils se dirigeaient vers l'Ukraine».
Le Kremlin avait annoncé plus tôt «l'arrestation de 11 personnes, dont quatre terroristes impliqués dans l'attentat». Ces quatre «citoyens étrangers» ont été capturés dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine et du Bélarus, selon les autorités.
L'Occident pointe vers l'EI, Moscou souligne que l'enquête n'est pas terminée
Cette attaque, survenue dans la salle de concert située à Krasnogorsk, au nord-ouest de la capitale russe, est la plus meurtrière en Russie depuis une vingtaine d'années. Le bilan s'établissait dimanche matin à 133 morts et 152 blessés, selon le ministère russe des Situations d'urgence. Il a été revu à la hausse à 137 plus tard dans la journée.
Les recherches dans les décombres du bâtiment ravagé par les flammes et dont le toit s'est partiellement écroulé se poursuivent et pourraient prendre des jours, faisant craindre un bilan plus lourd.
Sur un de ses comptes Telegram, selon des propos rapportés par l'AFP, l'EI avait affirmé dès vendredi soir que l'attaque avait été menée par quatre de ses membres, et s'inscrivait «dans le contexte (...) de la guerre faisant rage » entre le groupe et «les pays combattant l'Islam».
Cependant, ni Vladimir Poutine, ni les services de sécurité (FSB) n'ont accusé le groupe jihadiste. Le FSB a affirmé que les suspects avaient des «contacts appropriés du côté ukrainien » et comptaient fuir dans ce pays.
«L'Ukraine n'a pas le moindre lien avec l'incident », s’est défendu le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, rejetant des accusations «absurdes». «L'Etat islamique porte seul la responsabilité de cette attaque. Il n’y a eu aucune implication ukrainienne», a déclaré à CBS Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
«Tant que l'enquête sur l'attentat terroriste perpétré au Crocus City Hall n'est pas terminée, toute phrase de Washington disculpant Kiev doit être considérée comme une preuve», a rétorqué la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova sur Telegram, ce 24 mars. «Cela fait plus de 60 ans qu'ils n'ont pas réussi à découvrir qui avait tué [Kennedy]. Ou peut-être ISIS aussi ?», a-t-elle ironisé, dénonçant en outre le refus américain de désigner les véritables coupables des sabotages des gazoducs Nord Stream.
Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects sont originaires du Tadjikistan. Douchanbé a apporté des informations contraires.
Toute la journée de samedi, des dizaines de Russes sous le choc ont afflué vers des centres de dons du sang à Moscou ou des mémoriaux improvisés. Sur de nombreux panneaux publicitaires et dans certains arrêts de bus à Moscou, des affiches sont apparues montrant l'inscription: «Nous sommes en deuil 22/03/2024».
Les musées et les théâtres de Moscou ont annoncé leur fermeture pour le week-end, dans la foulée de l'attaque. Les cinémas moscovites ont fermé eux aussi pour samedi et dimanche, en présentant leurs «condoléances» aux familles des victimes.
A travers le monde, des fleurs ont été déposées, surtout devant les représentations diplomatiques russes. A Paris aussi.
L’ambassade des Etats-Unis à Moscou a elle aussi mis en berne son drapeau, «en solidarité avec le peuple russe endeuillé par l'horrible attentat au Crocus City Hall».